Qu’est-ce qui lient nos âmes : Le karma familial
Notre mère, notre père, nos frères et sœurs, pourquoi nous sommes-nous choisis ? Qu’est-ce qui lient nos âmes mais qui est soumis à tant d’attirances et tant de tiraillements ? Notre corps physique est incontestablement un héritage génétique de notre lignée familiale. Ce corps se révèle également capricieux par des faiblesses que l’on ne retrouve nulle part auprès des personnes de « notre sang ». Nos attitudes reflètent notre environnement familial. Finalement, tant que nous demeurons séparés de notre divinité, nous restons définis par la famille au sein de laquelle nous avons choisi d’émerger dans cette incarnation.
Le karma se comprend comme la somme de tout ce qui fait un individu, de la périphérie de son être avec son corps physique, en passant par son égo construit sur le vécu, jusqu’au tréfonds de son âme aux mémoires occultées. La roue de la causalité induit des conséquences sur chacun de ces aspects de notre individualité incarnée. Notre corps physique, nos corps subtils, notre égo et notre âme sont les réceptacles des conséquences de nos choix, de nos blessures, de nos conditionnements, des répercussions de notre détournement de notre Moi divin.
Toutes ces conséquences issues des causalités de la roue karmique hurlent de pouvoir s’exprimer, tel un appel à une opportunité de guérison et de libération. Les âmes s’associent pour faire tourner leur roue karmique respective. Les âmes emploient sur Terre la dimension du Temps pour échafauder un parcours jalonné de ces opportunités, en respectant le rythme de chacun.
Le vivre ou se le faire vivre
Mon âme a fait le choix de patienter plusieurs dizaines d’années de temps linéaire terrestre pour venir prendre sa place dans ma famille actuelle. Alors même que les âmes demandent à retourner s’incarner de plus en plus rapidement en ces temps cruciaux d’élévation des champs vibratoires des consciences, je voyais ma situation comme atypique.
Dès mon adolescence, j’étais intéressé à connaître mes vies passées et celles de ma famille directe. Je m’étais alors tourné vers une personne dont le bouche-à-oreille louait ses capacités de voyance. J’étais admiratif de son don. Elle entrouvrit mon livre de vie sur mes deux dernières incarnations. Elle me comptât des scènes comme on raconterait une histoire à un enfant, pour le faire rêver avant de dormir ou lui faire peur au coin du feu. Mon imagination s’emballait et apportait une interprétation, un filtre qui travestissait immanquablement ces informations.
Savoir nourrissait ma curiosité mais ne réglait en rien mes défis et n’ouvrait pas une dynamique de guérison en moi.
Alors tel un divertissement passager, je l’ai vécu comme une passade pour mieux retourner dans mon quotidien fait d’actes égotiques.
J’apprends aujourd’hui à ouvrir par moi-même mon livre de vie. Mes guides m’offrent la possibilité d’ouvrir ceux des autres. La lecture de vies antérieures se déroule pour moi de manière très intense. Pour autant que furent justes les perceptions de la voyante, je ne fus transformé qu’en revivant moi-même mes vies et celles de mes proches.
Mon cercle familial se compose, d’une part, d’âmes qui ont besoin de régler un manque issu d’un passé direct, et d’autre part, d’opposés dans un passé indirect, choisissant la filiation familiale comme terreau de guérison.
Proche dans cette vie, proche dans la vie précédente
Je ne suis qu’un bébé dans un appartement cossu parisien. Ma relation au monde extérieur n’est faite que de stimuli primaires. Je ne manque de rien. Mon principal repère est ma nourrice. Mes parents, de la communauté juive française, sont absents ce jour-là, comme de nombreuses autres fois. Ma nourrice prend soin de moi comme si j’étais son propre enfant. Son regard aimant, je le sens, je le revis.
Je suis autant dans le corps de ce bébé que dans l’expérience de vie de cette nourrice. Les deux vécus me sont accessibles. Je les revis simultanément, ils appartiennent à Tous. Je sais que je suis l’enfant mais je peux vivre exactement ce que ma nourrice vit. C’est une jeune fille qui tente de rassembler un peu d’argent dans l’espoir d’économiser pour son rêve de devenir boulangère.
On tambourine à la porte, on secoue la poignée en criant des ordres. L’angoisse envahit ma nourrisse. Elle leur ouvre et se fait bousculer avec rudesse. On cherche mes parents, on me cherche. Ces hommes sont terrifiants avec leurs uniformes sombres barrés d’insignes de terreur. On me saisit pour m’emporter tout en questionnant ma nourrice. Elle hurle, elle pleure, elle essaye de m’arracher à ces bras qui m’emportent. Elle me sait si fragile et si vulnérable si elle m’abandonne. Elle les supplie de l’emmener finissant par alléguer qu’elle est ma mère.
Elle sait que cela ne va pas, mais elle me le cache en continuant à me sourire et à chanter pour moi quand je suis dans ses bras. Une étoile jaune est grossièrement cousue sur sa veste. Nous nous éloignons d’une gare qui ne verra jamais notre retour.
C’est presque la fin, c’est très dur à revivre. Le baraquement est surpeuplé. Cela empeste la mort et le désespoir. Mon corps est décharné, un sein famélique pend de la poitrine de ma nourrice. Je n’ai plus de force, mes cris ont cessé depuis longtemps, je me sens partir. J’emporte avec moi cette mort physique par famine, mon corps irrémédiablement mince d’aujourd’hui le retranscrivant. Je revis toute la détresse de ma nourrice qui pleure, son corps vidé de toute larme, pour ne pas avoir su me protéger et me sauver.
Alors on s’est promis de revivre pleinement cette affection contrecarrée. J’ai attendu 28 ans après sa renaissance pour devenir son premier enfant, de sa chair, de ses blessures, de tout ce qu’on s’est promis. Mais très jeune, je lui annonçais une séparation, un éloignement à venir, une nouvelle épreuve pour elle. Alors qu’elle se consacrait à temps plein dans son rôle de mère, il fallait que je quitte la France à ma majorité, lui faisant retravailler sa blessure d’âme, son acceptation qu’elle ne pourrait pas me protéger indéfiniment. Je ne l’ai pas fuie, ce dont elle s’est culpabilisée un temps. Je lui ai fait vivre ses blessures d’abandon et de rejet. Il le fallait simplement, nos âmes se devaient de le vivre.
Proche dans cette vie, si différent dans la vie précédente
Un jeune garçon admire son père dans son atelier de menuiserie. Lui, Hans Friedrich, sort ensuite admirer un défilé martial qui irrigue ces rues berlinoises dont le nouveau sang est chargé de pas cadencés, de regards durs, d’étendards flamboyants. Il sait que c’est pour bientôt, son admission dans les jeunesses hitlériennes. Il se sent fier de pouvoir prochainement sauver sa patrie. Les tirades guerrières deviennent siennes. Il ne désire qu’une chose, se mettre à Ses ordres. Il L’admire tant, il le fait sentir comme un héros en devenir.
Un vent glacial frappe des visages émaciés et engoncés sous de lourds casques. Il a maintenant vingt ans et garde une farouche détermination sous le masque de saleté et de cristaux de givre qui habillent son visage. Il retourne à son canon d’artillerie dont son unité a la charge. Lui, qui est si apprécié de ses compagnons pour sa verve et ses histoires berlinoises, ne trouve plus les mots pour raviver la détermination de ses compagnons d’infortune. Ils sont las. Ils n’ont pas réussi à briser l’encerclement soviétique autour de Stalingrad. Ils sont maintenant débordés sur les ailes et le risque de prise en tenaille est patent.
Les morts sont figés dans la position grotesque où chaque corps a laissé échapper le dernier souffle de vie. Il a si froid, j’ai si froid avec lui. Ses pensées sont miennes. Ses pieds baignent dans cette boue glaciale des plaines ukrainiennes. Il a reçu l’ordre de tenir la position à tout prix. Les hommes ne veulent plus se battre. Les regards sont vides. L’ennemi progresse irrémédiablement, il entend au loin le roulement mécanique de leurs propres engins de mort.
Je le vois charger et décharger son canon, mu par une folie qui l’agite comme un pantin rompu à sa routine d’artilleur. J’entends son nom crié par les autres. Fieder ! Fieder ! Son oreille saigne, un tympan est percé.
Dans la dernière scène que je revis, il s’est écroulé. Partout où porte son regard, la vie a presque complètement quitté sa position. Il a tiré le dernier obus. Il hurle après Celui pour qui il a tout donné. Ils étaient censés être des sous-hommes, comment a-t-il pu être vaincu par eux ? L’Empire devait être éternel, lui et ses compagnons atteindre le panthéon des guerriers invincibles. Comment cela peut-il être ? Pourquoi le laisser ici, Il l’a abandonné. Comment peut-il s’être trompé sur Lui, sur cet avenir qui se délite…
Je « sais » que ses ossements reposent encore sous un champ du Donbass et qu’aucune stèle n’en marque le lieu.
Je fus ce que mon père d’aujourd’hui exécrait le plus dans sa vie précédente. J’ai souffert dans ma chair et dans mon âme des choix qu’il a appuyés. Peut-être est-ce la raison de ce lien dans cette vie ? Une rédemption pour lui ? Un pardon pour moi ? Ou encore deux compagnons partageant la même blessure, lui sa désillusion dans l’idéologie nazie et moi dans le rêve de l’empereur ?
Sa propension à avoir toujours froid aux pieds, d’avoir une ouïe déficiente à une oreille depuis sa jeunesse, de s’intéresser à tout ce qui a trait à cette période de l’histoire voulant toujours comprendre, d’avoir fait son service militaire français en Allemagne, de m’avoir intéressé à la langue allemande, sont autant d’indices à sa portée laissée par cette vie précédente. Son rejet ouvert des options politiques extrêmes actuelles témoigne de son rejet ce qui avait mené sa vie antérieure. Il a encore une non acceptation du choix que certains font dans cette vie, par conséquent du choix qu’il a fait dans sa vie d’avant.
Ce qui nous fascine dans cette vie et ce qui nous répugne sont les deux pendants d’une même source, une expérience passée non comprise, non acceptée.
Mes guides souhaitent m’emmener plus loin encore. Je suis dans une tranchée française du premier grand conflit mondial. Mon père est encore là, dans un autre rôle, dans le camp français cette fois-ci. Mais là n’est pas l’enseignement. Ses compagnons d’armes et lui ne veulent plus se lancer dans des assauts désespérés sur les lignes allemandes. Cette boucherie n’a aucun sens. Leur véritable ennemi est leur adjudant-chef et ses ordres déments. C’est lui qui doit mourir. Cette tirade résonne en moi alors que les scènes défilent. Ils lui tendent un piège lors d’un assaut pour l’éliminer dans la confusion générale. Lui-même paiera de sa vie cette trahison, peu de temps après.
Mon père se réincarna au début des années 20 à Berlin, son adjudant-chef également à cette période mais dans le rôle d’une femme en France, car ce sont bien des rôles que nous endossons. Celle-ci enfantera un garçon au début des années 50, mon père… libéré depuis peu de son incarnation allemande abruptement écourtée.
Une inextricable mécanique de résolution karmique
Les schémas d’incarnation ne sont pas écrits d’avance mais l’ordonnancement des choses se fait au fur et à mesure des choix, des guérisons, des rechutes. La puissance divine sous-jacente est incommensurable pour pouvoir ordonner tous les possibles, toutes les expérimentations.
Ma sœur actuelle a participé à la libération de camps de concentration nazis. Infirmière dans l’armée britannique, elle a été profondément révulsée en franchissant les portes de ces lieux terribles. Une aversion profonde de l’Allemagne s’est fait jour. Son âme l’a rappelé brutalement lors d’un accident de voiture à la fin des années 70 pour pouvoir prendre place en tant que sœur dans cette vie. Elle est passée par une relation distante avec mon père. Et c’est une épreuve de la vie qui lui a permis de recevoir des témoignages d’amour de mon père. C’est cet incident qui leur permis de se guérir tous les deux. Ce que mon père a pu guérir comme karma en aval, il n’y parvient pas en amont. Les reproches vis-à-vis de ma grand-mère sont cristallisés.
Lui avoir raconté tout cela ouvre-t-il une porte ? Pas nécessairement car ce que j’ai revécu viscéralement ne sont que de simples mots pour lui. Il sait, je lui ai tout raconté. Qu’en fait-il ? Qu’en fera-t-il ? Cela lui appartient et je comprends que ne l’ayant pas ressenti comme je l’ai ressenti, il puisse ne rien en faire. Je l’accepte. Le respect, c’est accepter ce que l’autre choisit d’expérimenter même si cela le maintient dans la frustration et l’enfermement. Ce n’est pas à moi de le faire sortir de cette roue karmique, lui seul peut le faire, doit le faire.
Cela est à un tel point de non pardon entre mon père et ma grand-mère que leurs âmes pourraient devoir se retrouver dans une autre vie, peut-être une relation de couple, l’ultime moyen pour deux âmes de surmonter leurs difficultés.
La famille est une arme de guérison des âmes, le couple en est l’ultime.
Le karma du couple
La charge karmique que nous portons chacun vis-à-vis d’autres âmes peut se traduire en endossant des rôles au sein d’une famille et ultimement dans des couples amoureux. Pourquoi tant de divorces, tant de relations sentimentales dans une même vie… Une séparation de couple est fuite lorsque ce qui devait être réglé ne l’est pas. Elle est dans l’ordre des choses quand cette séparation se fait lorsque ce qui devait être vécu a été vécu. Une crise de couple reste une merveilleuse opportunité de guérison, de dépassement d’un karma, de passage à deux vers une autre étape, ensemble ou séparé. Séparation ou continuation du couple devrait être en fonction de ce que chacun doit expérimenter par la suite, et non par fuite du karma.
Message de l’un de mes guides : Elle est ton amour dans cette vie et ta haine dans d’autres vies. Vous avez une grande réconciliation à faire car vos deux âmes se sont tellement chéries que vous vous êtes promis de vous éprouver et de vous faire souffrir au plus haut point. Il fallait deux âmes qui se faisaient tellement confiance pour accepter ce que chacune ferait subir à l’autre au cours de plusieurs vies. Pour accepter de telles souffrances d’incarnation, il faut vraiment s’aimer très fort. Car oui l’amour triomphe de la haine. Vous allez devoir dépasser votre grande souffrance pour transmuter tout cela. Il fallait un tel pacte entre deux âmes si proches pour être en mesure de sortir grandi de telles épreuves de vie. Vous aviez les conditions du Grand Pardon en vous deux bien avant de commencer le jeu des tortures physiques et émotionnelles de vie en vie. Tout était prévu avant ce cycle pour vous assurer d’en sortir indemne mais surtout grandit.
Qu’est-ce qui lient nos âmes : Le karma familial : Par Samuel sous www.leretourdesdragons.com