Julie Latour
L’idéal est de pouvoir dire que nous souhaitons que nos proches puissent vivre sans nous, tout en préférant être à nos côtés. Cela ne signifie pas que nous n’avons pas besoin d’aimer certaines personnes pour vivre, car les relations significatives sont importantes dans nos vies.
Nous aspirons tous à avoir des personnes chères à nos côtés avec lesquelles nous pouvons partager des moments de bonheur, de joie, mais aussi de tristesse. Cependant, il est essentiel que ces liens restent sains, qu’ils nous permettent de grandir en tant qu’individus et qu’ils respectent notre individualité ainsi que celle des autres.
J’ai découvert que je peux être heureux sans toi, que je peux suivre mon propre chemin sans nécessairement te suivre, que je peux évoluer sans que cela ne suscite de la méfiance. Mon souhait n’est pas de t’offrir tout mon bonheur, mais de partager nos joies en toute liberté et harmonie.
Bien que ces idées semblent idéales dans des manuels sur les relations matures et épanouissantes, la réalité est que dire « je n’ai pas besoin de toi, je te préfère » peut être complexe, car il est difficile de comprendre les motivations de certaines personnes.
L’essentiel est de savoir construire une relation harmonieuse, de comprendre que le fait d’être en couple ne signifie pas perdre une part de soi, mais plutôt ajouter une dimension enrichissante à notre existence.
Il est primordial de ne pas se réveiller un jour en ayant l’impression de perdre son identité au profit de l’autre, de sentir qu’il nous manque quelque chose. Être en couple devrait nous permettre de cultiver notre bonheur individuel tout en reconnaissant la valeur d’avoir quelqu’un à nos côtés pour partager ce bonheur et grandir en tant que personne.
Si une relation ne repose pas sur ces principes, si elle ne trouve pas son équilibre, alors il ne s’agit pas d’une véritable union, mais plutôt de deux individualités en conflit.
Aimer et dépendre : la frontière subtile du bonheur
Lorsque nous aimons quelqu’un, nous souhaitons naturellement sa présence dans notre vie. Nous aspirons à un engagement solide et à des moments partagés qui sont capables de construire des vies entières.
Exprimer le besoin de réciprocité en amour ne fait pas de nous des personnes dépendantes, mais simplement des individus désireux de recevoir autant qu’ils donnent.
Les relations de dépendance se caractérisent par un besoin mutuel excessif, où chaque partie dépend de l’autre de manière malsaine. Ces relations sont marquées par la soumission et l’attachement plutôt que par l’égalité.
Le bonheur dans nos relations repose souvent sur cette fine ligne qui peut engendrer de nombreuses complications dans notre vie de couple. Explorons ce sujet de manière plus approfondie.
Le danger de perdre son individualité dans une relation
Parfois, notre amour pour quelqu’un nous pousse à nous fondre complètement dans cette personne. Nous commençons à percevoir leurs préoccupations comme les nôtres, leurs tristesses comme nos propres peines.
Il est indéniable qu’une relation de couple implique des compromis et un engagement mutuel pour faire face aux défis de la vie ensemble. Nous devons prendre soin l’un de l’autre et résoudre les problèmes à deux.
Cependant, il existe des limites à cette fusion. Nous sommes prêts à faire beaucoup pour la personne que nous aimons, mais il est essentiel de maintenir notre équilibre et notre identité individuelle.
L’amour ne signifie pas marcher sur un fil tendu les yeux bandés, en suivant aveuglément notre partenaire. Chacun a le droit de faire ses propres choix, de prendre des décisions et de penser différemment de l’être aimé. Nous pouvons aimer les similitudes et respecter les différences sans pour autant rompre l’unité de notre équipe.
Il ne faut jamais permettre à l’autre de remettre en question vos valeurs personnelles. Vos valeurs font partie intégrante de votre identité. Si vous les sacrifiez, vous risquez de perdre une part de vous-même.
Ne pas offrir un morceau de soi pour combler l’autre
Pour vivre une relation heureuse, nous n’avons pas besoin de beaucoup de choses. L’amour, l’intimité, le respect et la complicité sont essentiels pour maintenir l’équilibre dans une relation amoureuse.
Si quelqu’un ressent le besoin de plus que cela, cela révèle généralement des lacunes personnelles. Cette personne attend de son partenaire qu’il comble ces lacunes ou les résolve.
La recherche d’un sauveur dans l’amour
Parfois, une personne remplie de lacunes émotionnelles et de carences non résolues recherche un sauveur, quelqu’un rempli d’affection, croyant que cette personne pourra transformer leur vie. Ils cherchent inconsciemment à combler leurs propres abîmes émotionnels en prenant une partie de l’autre, ce qui prive cette personne de sa propre complétude.
La sagesse populaire nous rappelle que lorsque nous essayons de guérir un cœur brisé, le nôtre risque de se briser aussi.
Il n’est pas réaliste de croire que nous pouvons changer complètement notre partenaire ou le rendre heureux uniquement grâce à nos actions.
Si une personne n’est pas heureuse par elle-même, il est peu probable qu’elle le devienne du jour au lendemain. L’amour doit être un acte de liberté qui ne tolère pas le chantage. Il devrait permettre à chaque individu de vivre en harmonie avec lui-même et avec son partenaire.
Si vous ne vous respectez pas, si vous manquez de confiance en vous et si vous n’aimez pas ce que vous trouvez au plus profond de votre âme, vous risquez de projeter vos propres démons sur votre partenaire. Personne n’est obligé d’apaiser vos blessures, de recoller les morceaux de votre être brisé ou de calmer vos cauchemars pendant vos nuits d’angoisse. Si c’est ce que vous recherchez, vous cherchez à assujettir une personne. L’amour mature et épanoui requiert une maturité émotionnelle, une complétude personnelle, et l’absence de peurs.
L’amour exige de l’humilité et de l’espace. Aimer signifie désirer le meilleur pour notre partenaire tout en cherchant notre propre bonheur. Cela implique de construire ensemble tout en respectant l’individualité et l’intégrité de chaque personne dans la relation.
