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Le temps s ‘envole comme rien d’autre.
L’aiguille dans cette horloge hurle et virevolte à l’intérieur de sa cage. Autrefois, elles étaient deux dans cette boîte du temps. La grande percutait la petite pour l’agripper avec elle. Elle lui faisait croire qu’aller plus vite serait amusant. À force de l’agripper avec elle, elle vint à lui voler sa jeunesse. Devant cette évidence, nous nous sommes développés au rythme que la société voulait nous voir évoluer.
Nous avons dansé sur la musique qui était jouée et écrite par d’autres. Nous avons appris à marcher et parler pour ensuite nous obliger à nous asseoir en silence.
Reculons les aiguilles, l’instant de ce texte seulement. Entre un sapin drôlement attriqué et une fin de bol de chips, nous avons reçu les avertissements les plus profonds de nos vies.
Les adultes nous mettaient en garde de quelque chose,c’était évident. Le seul problème c’est qu’ils nous répétaient toujours les grandes lignes sans nous en expliquer leurs sens.
Notre but ultime était d’avoir l’air le plus attentif possible pendant 8 secondes pour nous libérer de leurs emprises. Nous entendions en boucles les mêmes phrases typiques ; le plus important c’est la famille et la santé. Plus nous avons vieilli, plus nous nous sommes éloignés de cette période, plus on l’a finalement comprise.
Durant mon enfance, la seule chose que j’avais en tête c’était de me lancer dans la bouette, manger un ballon poire en pleine face et monter sur des filets de soccer. J’allais me perdre le plus loin possible dans les bois pour revenir auprès de ma famille me remplir le ventre et repartir aussi vite.
Je pensais vraiment que c’était ça la vraie vie. Je me couchais exténuée de m’être époumonée de gauche à droite.
En fait, c’est encore le cas aujourd’hui, mais je ne cours juste plus pour les mêmes raisons. Tout le monde dit que le temps ne s’achète pas, pourtant nous vendons le nôtre chaque jour. À vouloir être tous différent, nous sommes finalement redevenus tous pareils. Aujourd’hui, nous disons tous être uniques, que pour nous, la famille passe encore en premier…malheureusement, le bruit de la faim et le froid du vide matériel nous oblige à établir de nouvelles priorités.
Nous avons de la misère à trouver quelques heures par semaine pour les gens les plus proches de nous. Par contre, à leurs anniversaires, on leur achète des cadeaux hors de prix. L’argent que nous sommes prêts à mettre sur leurs cadeaux, nous devrions réfléchir à combien d’heures de travail que cela nous aurait pris pour leur payer ça. Nous devrions consacrer ces heures là à eux, pas à notre boss.
Arracher quelques sourires c’est plus beau qu’arracher une étiquette de prix.
Nos vraies destinées ne sont-elles pas d’être et seulement de vivre ? Je pense que oui et je m’offre même de la couleur quand je me donne le droit de rêver. Demain, plutôt que de drainer mon énergie au travail, celle-ci sera épuisée à jouer avec mes enfants. Dans notre réalité, nos mères meurent sans que nous ayons eu le temps de les aimer assez. Maman, il me faudra tout mon temps alloué ici pour accepter de voir ton visage vieillir. Je n’ai pas le temps d’être ailleurs qu’avec les humains qui complète les sphères de mon être.
S’il reste du temps rendu là, j’aimerais avoir juste ça à faire planter des arbres, serrer chaque enfant malade dans mes bras, question d’absorber leur douleur un instant et me moquer de la mort avec eux. Je veux prendre le temps de jaser avec des personnes âgées et les aimer avec empathie avant de moi-même me bercer dans leurs chaises.
Je pourrais continuer longtemps la liste de « je voudrais que ». Dans le fond, pour tous les penseurs avides de justice, le monde est un grand « je voudrais que ». J’ai du moins compris que le bonheur réside entre deux moments en bonne compagnie et non pas entre deux paies. Certains ont peut-être plus monétairement, mais l’amour qui me berce est gratis. Pis ça gratis, ça ne prend pas ta carte débit pour acheter ça. Si j’avais une question à me poser, ça serait ; menons-nous nos vies de la bonne manière? Mais de toute façon, avons-nous vraiment du temps pour y penser ? On s’en reparle, je vais être en retard, je m’en vais travailler.
Marie-Christine Desrosiers
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