CONSTRUIRE L’ESTIME DE SOI
par Agnieszka Rouyer
L’estime de soi est un regard subjectif sur sa propre personnalité, une auto-évaluation. Un regard dévalorisant affaiblit notre estime, et un regard surestimé risque de conduire à un sentiment de supériorité et d’arrogance. Comment donc s’auto-évaluer d’une manière saine ?
« Une faible estime de soi c’est comme conduire à travers la vie avec votre frein à main tiré. » – Maxwell Maltz
Le psychologue Philip Zimbardo dans son livre „Psychology And Life” définit l’estime de soi comme une auto-évaluation généralisée de notre « Moi ».
Cette auto-évaluation peut être affaiblie ou surestimée. Si elle est trop basse, cela crée des problèmes d’adaptation à l’environnement. Les personnes avec une telle pensée ont le sentiment d’être inférieures aux autres, se dévalorisent et par conséquent, éprouvent un mal-être avec soi-même ou parmi les autres. Par contre, une trop haute estime de soi fait que l’on se comporte avec arrogance, on se sent supérieur en considérant les autres moins bien que soi-même.
La trop faible estime de soi est basée sur les pensées que nous sommes moins bien que ce que nous sommes en réalité, ce qui génère la dévalorisation de soi. Les gens ayant une faible estime de soi utilisent des critères bien spécifiques (le niveau de compétences, le statut social, le salaire, l’apparence physique) pour se comparer aux autres en les considérant supérieurs. L’une des caractéristiques de ces personnes est le grand nombre de croyances qui commencent par les mots: « je dois/je devrais » :
… avoir plus de compétences et de qualités,
… être plus sociable,
… moins me soucier de ce que disent les autres.
Ceux qui ont une faible estime de soi s’auto-critiquent très souvent, se punissent pour toutes sortes de comportement, ont l’impression qu’ils ne méritent pas plus de la vie.
Une perception exagérée d’estime de soi crée un sentiment de supériorité et d’arrogance. C’est seulement une apparente confiance en soi. C’est toujours un fonctionnement selon le schéma supérieur/inférieur, qui mène chaque fois à son extrémité opposée. Ces personnes ont une forte croyance d’être meilleures que les autres. Elles s’attribuent des caractéristiques qu’en réalité elles ne possèdent pas, des actes qu’elles n’ont jamais accomplis.
Avoir une haute opinion de soi permet de se sentir plus en confiance que lorsque cette opinion est basse. Cependant, on est dévoré par une peur permanente car dans toutes les relations interpersonnelles ou dans toute situation sociale, il existe le risque d’être confronté à quelqu’un de meilleur. Dans les situations où une telle « menace » surgit réellement, s’active alors un mécanisme de défense sous forme d’arrogance et parfois même d’agression.
Une belle, saine et juste estime de soi est un état dans lequel on se connait bien et on se sent bien dans sa peau, avec tous les défauts et les qualités que l’on possède. La façon de se regarder par une personne avec une saine estime de soi peut être décrite comme ceci :
« Je connais mes défauts et je les accepte. Je connais mes qualités et je les apprécie. »
Dans les relations interpersonnelles on abandonne alors le schéma supérieur/inférieur et, enfin, on a conscience que chacun de nous est différent et unique, et dans cette diversité, nous sommes tous égaux. Il n’y a personne de meilleur ou pire, même si certains d’entre nous ont développé plus de compétences que d’autres, ont des traits de caractère différents.
« Il y a des preuves indéniables que plus le niveau d’estime de soi est sain, plus il est probable que l’on traitera les autres avec respect, gentillesse et générosité. » – Nathaniel Branden
Ci-dessous, j’explore trois aspects essentiels – selon moi – de l’estime de soi, qui pourront nous aider à travailler à améliorer l’estime de soi.
Le contexte social
Je t’invite à penser à un contexte social : pour trouver un sentiment de sécurité, parfois, tu peux avoir besoin d’évaluer ton estime de soi par rapport aux autres. Peut-être que tu tentes de te connaitre mieux à travers prisme de l’autre ? Observes-tu leurs comportements en ce qui te concerne et écoutes-tu ce qu’ils disent de toi ? Te demandes-tu ce qu’ils pourraient penser de toi et ce que tu devrais faire pour qu’ils pensent le plus beau de toi ? C’est une impasse. Lorsque les croyances limitantes dominent ton être, tu ne perçois en toi que de l’infériorité et la dévalorisation. C’est une source de faible estime de soi.
Pense à la façon dont tu évalues les autres. Très souvent, nous évaluons les autres de la même manière que nous nous évaluons nous-mêmes. Cela se résume au fait que nous nions les mêmes caractéristiques chez les autres que celles que nous n’acceptons pas en nous. Par exemple, si tu n’acceptes pas ta propre sensibilité et d’autres aspects de ton énergie féminine, la manifestation de cette partie par d’autres personnes va t’énerver.
Donc, tout ce qui nous agace chez l’autre est seulement une information de ce que nous avons à régler en nous, et dans l’instant, nous ne l’acceptons pas. Observe juste tes réactions dans les relations et tu te connaitras mieux. C’est une tâche fondamentale dans le travail sur l’estime de soi.
Les critères de l’évaluation
Lorsque nous évaluons ou critiquons un film que nous avons vu au cinéma, nous pouvons l’évaluer de plusieurs façons différentes. Nous pouvons évaluer la qualité du jeu des acteurs, l’histoire, les effets spéciaux, les images, la musique et bien d’autres aspects de la cinématographie.
Il est de même dans le cas de l’auto-évaluation. Nous pouvons nous auto-évaluer selon un large éventail de critères. Toutefois, ce qui est intéressant c’est que l’auto-évaluation est habituellement réduite à une seule et unique évaluation globale de soi. « Je suis médiocre », « Je suis génia », « Je suis un vaurien. » Une telle généralisation n’est pas juste car elle nous rend aveugle à l’ensemble des critères qu’il nous est essentiel de prendre en compte dans une évaluation précise et exacte de nos valeurs.
Très souvent, les gens s’identifient aux valeurs et objets matériels qui sont cultivés par les médias et la société. Tout est conçu afin d’éveiller dans l’être humain le sentiment de médiocrité – c’est seulement à ce moment-là, en éprouvant certaines émotions, qu’il est réceptif et assujetti à la consommation. Par cette approche matérialiste, l’humain propulse l’économie. On peut se libérer aisément de certains pièges, comme je le décris en quelques pistes ici : les pièges de l’estime de soi
L’évaluation fondée sur les faits
Si tu veux vraiment t’auto-évaluer, je t’invite à te baser sur les faits. Ne tente pas de te convaincre de quelque chose qui n’est pas vrai. Un regard sain sur toi-même peut avoir lieu que lorsque tu es complètement sincère avec toi-même.
Être persuadé que tu es insuffisant ne fait qu’attirer ton attention sur les preuves qui le confirment.Chaque croyance fonctionne comme des lunettes qui changent l’apparence de ta perception.
Pour changer, tu peux trouver des preuves que tu es suffisant. Que tout va bien avec toi. Par contre, ne les cherche pas dans ce qu’on dit ou pense de toi. Recherche-les dans ton propre « bac à sable. » Commence par des petites choses. Plus longtemps tu te poseras la question : « Qu’est-ce qui témoigne de mes qualités ? », plus nombreuses seront les réponses.
La construction de l’estime de soi s’effectue, simultanément, sur deux plans :
* Apprendre à connaître ses faiblesses, les accepter et les traiter comme un champ pour grandir et se réaliser,
* Apprendre à connaître ses points forts, ses qualités et apprendre à les apprécier véritablement.
Comment le faire pour commencer ? Les chemins sont multiples et tous commencent par une prise de conscience. Pour commencer, tu peux observer plus consciemment tes propres pensées, comportements et réactions dans les contextes tels que je les décris dans cet article.
Je t’invite à observer attentivement tes habitudes de pensée. Qu’est-ce que tu penses de toi ? Qu’est-ce que tu penses des autres ? Et quelles sont tes pensées en ce qui te concerne et en ce qui concerne les autres ?
Je te souhaite te réaliser pleinement dans le travail sur l’estime de soi.
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« Chronique trouvée sur lapressegalactique.org »