Comment accéder au pouvoir du moment présent.
Lorsque vous êtes libéré du temps vous percevez les choses d’une nouvelle manière, les couleurs, les sons, les sensations sont plus pénétrants, car le filtre mental n’intervient plus, vous éprouvez plus de paix et un amour profond pour tout ce qui est.
Le mental ne peut appréhender ce genre de réalité, car il juge et il étiquette en permanence les sons, les couleurs. Le mental crée des associations, il ne peut pas vous emmener dans la réalité de l’instant présent, car il ne la connaît pas.
C’est une autre partie de vous, une partie consciente, attentive et vigilante à chaque subtilité qui apparaît et qui vous emmène goûter à cette paix profonde.
Le mental et toutes vos connaissances sont très utiles, ils vous aident à réaliser vos tâches, à accomplir votre travail, ce sont de véritables compagnons pratiques dans la vie de tous les jours, mais ils ont leurs propres limites.
Le mental ne peut pas régir tous les aspects de votre vie, il peut se transformer en un véritable parasite si vous ne le surveillez pas et il peut endommager vos relations.
Vous pourrez faire l’expérience fugitive de cet instant présent lorsque vous ressentez un amour profondément intense pour une personne ou que vous admirez un paysage époustouflant.
Le but n’est pas de s’accrocher ou de rechercher en permanence ce genre de sensations, mais de basculer dans le présent en permanence.
La méthode est simple, vous devez briser la vieille habitude de nier le présent et d’y résister.
Entraînez-vous à soustraire votre attention du passé et du futur lorsque la situation ne s’y présente pas.
Sortez de la dimension temporelle autant que vous le pouvez dans votre quotidien. Si vous n’y arrivez pas, observez la tendance de votre mental à vouloir fuir l’instant présent.
Vous constaterez qu’il imagine en général l’avenir comme étant meilleur ou pire que le présent. Dans le premier cas, il vous donne du plaisir et de l’espoir par anticipation sinon il créera de l’anxiété, vous devez prendre conscience que ces illusions ne reflètent pas la réalité du moment présent. Si vous le niez, c’est que vous êtes encore attaché à votre mental, observez cet attachement, cette résistance.
Dès l’instant où vous observez que vous n’êtes plus présent, vous l’êtes. Chaque fois que vous pouvez observer votre mental, vous n’êtes plus pris à son piège.
Soyez présent en tant qu’observateur de votre mental, de vos pensées, de vos émotions et de vos réactions dans certaines situations.
[ Eckhart Tolle ]
Au-delà du mental
La condition humaine, c’est d’être immergé dans la pensée. La plupart des gens restent toute leur vie prisonniers des limites de leurs pensées. Ils ne dépassent jamais un sentiment de soi personnalisé, construit par le mental et conditionné par le passé.
Tout comme en chaque être humain, votre conscience comporte une dimension beaucoup plus profonde que la pensée. C’est votre essence même. On peut l’appeler présence, attention, conscience inconditionnée. Dans les enseignements anciens, c’est le Christ intérieur, votre nature de Bouddha.
Découvrir cette dimension vous libère, ainsi que le monde, de la souffrance que vous vous infligez, de même qu’aux autres, lorsque le « petit moi » définit tout votre bagage et mène votre vie.
Chaque fois que vous êtes plongé dans la pensée compulsive, vous évitez ce qui est.
Vous ne voulez pas être là où vous êtes. Ici. Maintenant.
Le domaine de la conscience est trop vaste pour être saisi par la pensée. Lorsque vous ne croyez plus tout ce que vous pensez, vous sortez de la pensée pour voir clairement que le penseur n’est pas votre être essentiel.
Les dogmes – religieux, politiques, scientifiques – naissent de la croyance erronée selon laquelle la pensée peut englober la réalité ou la vérité. Ils sont des prisons conceptuelles collectives. Le plus curieux, c’est que les gens adorent leur cellule, car elle leur donne un sentiment de sécurité et la fausse impression de savoir.
Rien n’a infligé à l’humanité plus de souffrance que ses dogmes. Tout dogme finit tôt ou tard par s’effondrer, oui, car la réalité finit par révéler sa fausseté; mais si l’on n’en voit pas l’illusion fondamentale, il sera remplacé par d’autres. Quelle est cette illusion fondamentale ? L’identification à la pensée.
S’éveiller sur le plan spirituel, c’est s’éveiller du rêve de la pensée.
Comme le mental dépend de l’insuffisance, il est toujours avide d’avoir davantage. En vous identifiant au mental, vous tombez très facilement dans l’ennui et l’agitation. L’ennui signifie que le mental a faim de stimuli, de stimulations intellectuelles, et que son appétit n’est pas satisfait.
Lorsque vous vous ennuyez, vous pouvez satisfaire la faim du mental en ouvrant un magazine, en faisant un appel téléphonique, en allumant votre téléviseur, en naviguant sur le Web, en vous rendant dans une boutique ou – ce qui n’est pas rare – en transférant sur le corps cette impression mentale de manque et ce besoin d’avoir plus, que vous comblez brièvement par l’ingestion d’aliments.
Vous pouvez rester dans l’ennui et l’impatience, tout en observant ce sentiment d’ennui et d’impatience. Lorsque vous portez votre conscience sur ce sentiment, il s’entoure soudainement d’espace et de calme, pour ainsi dire. D’abord un peu, puis, à mesure que grandit ce sentiment d’espace intérieur, l’ennui diminue en importance et en intensité. Ainsi, même l’ennui peut vous enseigner qui vous êtes et qui vous n’êtes pas.
Vous découvrez que cette « personne qui s’ennuie » n’est pas votre nature essentielle. L’ennui n’est qu’un mouvement d’énergie conditionné qui vous habite. Vous n’êtes pas non plus cette personne en colère, triste ou craintive. L’ennui, la colère, la tristesse ou la peur ne sont pas « à vous »; ils n’ont rien de personnel. Ce sont des états d’esprit. Ils vont et viennent.
Rien de ce qui va et vient n’est vous.
« Je m’ennuie. » Qui sait cela ?
« Je suis en colère, je suis triste, j’ai peur. » Qui sait cela ?
Vous êtes le fait de connaître et non l’état connu.
Tout préjugé implique l’identification au mental. Il signifie que vous ne voyez plus l’autre humain, mais seulement l’idée que vous en avez. Ramener à un concept la vitalité d’un autre humain constitue déjà une forme de violence.
Peinture de Tomek SetowskiSi elle n’est pas enracinée dans la conscience, la pensée devient égoïste et dysfonctionnelle. L’ingéniosité dépourvue de sagesse est extrêmement dangereuse et destructrice. C’est l’état actuel de la majeure partie de l’humanité. L’amplification de la pensée par la science et la technologie, ni bonne ni mauvaise en soi, est elle aussi devenue destructrice, car, souvent, la pensée initiale n’est pas enracinée dans la conscience.
La prochaine étape de l’évolution humaine consistera à transcender la pensée. C’est notre tâche urgente. Cela ne veut pas dire cesser de penser, mais tout simplement ne pas être identifié à la pensée, ni possédé par elle.
Sentez l’énergie de votre corps intérieur. Le bruit du mental ralentit alors ou cesse immédiatement. Sentez-la dans vos mains, vos pieds, votre abdomen, votre poitrine. Sentez la vie que vous êtes, la vie qui anime ce corps.
Ce corps devient alors une ouverture, en quelque sorte : il donne accès à un sentiment plus profond de vitalité, sous les émotions fluctuantes et l’activité mentale.
Il y a en vous une vitalité que vous pouvez sentir de tout votre Être et non uniquement dans la tête. Chaque cellule vit dans cette présence qui vous dispense de penser. Cet état n’exclut pas la pensée si elle est nécessaire à des fins pratiques. Le mental fonctionne encore, et d’une façon magnifique, quand l’intelligence supérieure que vous êtes l’utilise et s’exprime par lui.
Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais de brèves périodes de « conscience sans pensée » se produisent déjà d’une manière naturelle et spontanée dans votre vie. En vous livrant à une activité manuelle, en traversant une pièce, en attendant au comptoir de la ligne aérienne, vous pouvez être si complètement présent que les parasites mentaux habituels se calment pour laisser place à une présence consciente. Vous pouvez aussi regarder le ciel ou écouter quelqu’un sans faire de commentaire mental intérieur. Vos perceptions deviennent claires comme du cristal, limpides et dépourvues de pensée.
Pour le mental, cela ne compte pas, car il a d’autres chats à fouetter. De plus, comme ce ne sont pas des moments mémorables, vous ne les avez pas remarqués. En réalité, c’est ce qui vous arrive de plus important. C’est le début du passage de la pensée à la présence consciente.
Acclimatez-vous avec aisance à l’état de « non-savoir ». Il vous permet de dépasser le mental, qui essaie toujours de conclure et d’interpréter, craignant de ne pas savoir. Ainsi, lorsque vous êtes à l’aise dans le non-savoir, vous dépassez déjà le mental. De cet état surgit alors une certitude plus profonde, non conceptuelle.
La création artistique, le sport, la danse, l’enseignement, l’aide aux personnes : la maîtrise de n’importe quel champ d’activité implique que le mental n’est plus engagé ou, du moins, qu’il occupe une place secondaire. Il devient une force et une intelligence plus grandes que vous, et pourtant essentiellement unies à vous. Il n’y a plus de processus décisionnel; la bonne action s’exerce spontanément, sans que « vous » en soyez l’acteur.
La maîtrise de la vie est le contraire du contrôle.
Vous vous alignez sur la conscience supérieure, qui agit, parle, effectue le travail.
Un instant de danger peut susciter une cessation temporaire du flux de la pensée et, ainsi, vous donner un aperçu de ce que veulent dire la présence, l’éveil, ou la conscience.
La Vérité dépasse largement ce que le mental peut comprendre. Nulle pensée n’englobe la Vérité. Au mieux, elle peut l’indiquer. Par exemple, celle-ci : « Toutes choses sont intrinsèquement Une. » C’est là une indication, non une explication. Comprendre ces paroles, c’est sentir au fond de vous la vérité qu’elles indiquent.
Eckhart Tolle – Extraits de son livre « Quiétude »
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