Guai-rire / Bien sûr qu’on se ment à soi même.
Quand on dit qu’on attend rien de personne.
Quand on aimerait que l’on fasse pour nous, ce que l’on sait déjà faire pour les autres.
Bien sûr qu’on a besoin d’une forme de reconnaissance, c’est même le plus beau des salaires.
Bien sûr qu’il y a des gens qui vous conviennent mieux que d’autres.
Et certain qui sont d’excellents vendeurs de leurs charmes et qui vous mettent dans leur panier comme on ajoute un pack d’eau dans le caddy.
Bien sûr qu’il y a ceux qui gravissent des montagnes,
Et ceux qui gravitent comme des nuisibles.
Des bons qui font des mauvaises choses,
Et des mauvais qui vendent du rêve.
Bien sûr qu’il y a des égouts qui sentent le parfum et des parfums qui puent parce qu’on a pas les yeux grands ouverts sur la réalité.
Il y en a qui lavent leurs corps et d’autres qui nettoient leurs pensées.
Bien sûr qu’on sera déçu.
Qu’on s’imaginera mieux.
Qu’on visitera le pire.
Qu’on rêvera au pure.
Qu’il faudra aussi en rire.
Bien sûr que la vie sans personne est une torture,
Mais qu’avec, elle va cumuler les blessures.
Que dans tous les cas on va aimer, souffrir, être rejeté.
Y croire, se casser la gueule et recommencer.
Qu’on va animer la haine en nous qui dort comme un poison qu’on garde pour les jours de guerre.
Mais que c’est nous qu’on abîme quand on laisse notre venin s’installer.
Bien sûr que la peine est à chérir.
Qu’elle afflue les jours de grands froids.
D’extrême solitude.
Qu’on aimerait être aimé alors qu’on s’aime à peine.
Bien sûr que l’on sait tous ça si on un tant soit peu vécu.
Mais qu’il faut se le rappeler souvent pour ne pas être trop déçu.
Bien sûr que la vie nous offre des cadeaux invisibles pour nous apprendre à regarder.
À voir au delà des apparences.
Parce qu’elles sont trop souvent trompeuses.
Que je respecte mille fois plus un ennemi qui assume me détester, qu’un ami qui me trahit dans ma chair.
Et que je garde en moi un tiroir pour chaque choses.
Des tirelires pour offrir.
Des jardins luxueux que personne ne visitent.
Des caves pleines de poussières.
J’ai même un cimetière pour que reposent en paix mes sentiments morts.
J’ai des fosses pour les lions.
Des lacs pour abreuvoir mes mots.
Et des puits pour l’espoir.
Pour qu’ils puissent y nager et voir toujours une étoile s’y refléter.
J’ai de la place pour les graines à planter.
Des vases pour décorer mon intérieur de choses qui vivent et qui meurent.
C’est tout un univers d’ailleurs.
Bien sûr que l’imagination nous sauvera.
Qu’elle devrait être apprise comme étant un ciel qui brille rien que pour nous.
Qu’on devrait donner des cours pour apprendre ce qu’est le fond de l’amour.
Parce que le monde nous montre qu’il a une forme.
Alors qu’il informel.
Il ne s’embarrasse d’aucune sorte d’enveloppe.
Bien sûr que la vie va nous l’apprendre.
Avec des tempêtes et des résiliences.
Des bien êtres au delà du réel.
Des peines irréversibles et des pardons impossibles.
Bien sûr que nous sommes des floraisons de belles choses si on se laisse éclore et éclater.
Qu’il y a mille possibilités de se trouver et une seule de se chercher.
Allez au fond.
Tout au fond de soi.
Et se panser.
De la peau jusqu’à l’âme.
La dame au bon mots.
Cyrielle Soares