Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Ils sont combien de par le monde à croire Aimer quelqu’un…
Mais qu’aiment-ils en l’autre ?
Ses yeux ? Sa bouche ? Ses mains ?
Les mots qu’il ou elle prononce ?
Ses défauts ? Ses qualités ?
Le plaisir distillé ? Procuré ?
Les humains n’ont rien compris.
Ils aiment pour eux-mêmes en premier lieu.
Ils voudraient que celui qu’ils croient être l’Élu leur ressemble.
Qu’il soit leur double. La copie conforme.
Ils ignorent que l’Âme Sœur n’est pas de ce monde…
Ils ignorent que l’Idéal n’existe pas sur terre…
Ils ignorent qu’avant de pouvoir Aimer une tierce personne, il faut s’aimer soi-même.
Non pas aimer son Ego mais son Âme.
Or pour l’aimer, il faut d’abord la trouver.
Partir à sa recherche. C’est une longue quête.
Mais au bout du chemin, il y a la Paix, la Sérénité et ensuite… tout devient possible.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Une prison ?
Parce que je t’aime, tu m’appartiens ? À moi ? Rien qu’à moi ?
Parce que tu m’Aimes, je suis ta geôlière ?
Ton garde-chiourme ? Ton cerbère ?
Est-ce cela ta récompense pour m’avoir choisie ?
T’interdire d’être Toi ?
T’interdire d’être beau pour les autres ?
Supprimer tes sourires éblouissants et fermer tes paupières sur l’océan profond et captivant de ton regard ?
T’Aimer… est-ce priver les hommes et les femmes d’avoir du bonheur à te parler ?
À t’écouter ? À te regarder ? À te contempler ?
Et peut-être même à te désirer ?
Quel mal cela peut-il faire de te sentir désiré ?
Je suis fière de cela quelque part… oui, je suis fière de Toi.
Fière de ce que tu Es…et je sais que cette fierté particulière est réciproque.
T’Aimer reviendrait-il à ôter la Vie qui brûle en Toi ?
À éteindre cette Lumière illuminant tous les endroits où tu te trouves ?
À te tuer à petits feux ?
En ai-je le droit ? Qui suis-je pour exiger cela ?
Et comment pourrais-je me permettre de t’emprisonner, moi qui n’ai jamais pu supporter de l’être ?
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Ériger des barrières autour de l’Aimé ?
Construire des murs ? Pour protéger quoi ? Se défendre de qui ?
Quelqu’un peut-il prendre ta place malgré moi ?
Qui pourrait voler ton cœur sans ton consentement ?
La Jalousie changerait-elle quelque chose ?
La Jalousie est la croix de ceux qui doutent.
De ceux qui n’ont pas confiance en eux.
De ceux qui se mentent pour entretenir une illusion chimérique.
Pourquoi aurais-je peur de te perdre si je ne t’ai pas menti sur moi-même ?
Pourquoi aurais-tu peur que je t’oublie si le visage que tu m’offres est véritable ?
Il y a un temps pour tout. Un temps pour les mensonges et un temps pour la Vérité.
Mais les humains n’ont toujours rien compris.
Lorsque je t’ai connu, me suis-je trahie ?
Me suis-je grimée pour te complaire ?
Et toi, cachais-tu quelqu’un d’inavouable derrière ta belle image ?
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Est-ce un Mensonge ?
Est-ce séduire l’Autre ? N’être qu’une Apparence ?
À quoi sert de s’inventer des qualités que l’on ne possède pas ?
À quoi sert de camoufler ses défauts sous des couches de fard ?
Sous des limbes d’hypocrisie ?
Pourquoi essayer de vendre le Meilleur dont on est dépourvu ?
Te supporterais-je si tu étais différent de Celui qui m’est apparu la première fois ?
Ne me suis-je pas présentée à Toi telle que j’étais vraiment ?
A quoi bon se vouloir supérieur à ce que l’on est réellement ?
Et lorsque le masque tombe comment s’en tirer ?
Souviens-toi…
Ton regard sondait mon Âme et mon Âme te reconnaissait.
Si tu m’avais menti, je l’aurai su.
Si j’avais triché, tu l’aurais deviné.
C’est ainsi que se passent les choses.
L’Amour n’est pas un hasard. C’est une Re-connaissance.
Nous nous étions déjà connus Ailleurs…
Dans un Autre Monde… là où le superflu n’existe pas.
J’ai longtemps cru que la seule façon de te retrouver était de mourir.
Je ne te cherchais même plus.
J’avais pris mon parti de vivre au milieu des humains sans Toi…
La nuit, je te retrouvais dans mes rêves.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Est-ce posséder ? S’approprier ? Vouloir garder ?
Es-tu un objet ? Une chose inanimée ?
Que possède-t-on lorsque l’on vient au monde ?
N’est-on pas nu ? Démuni de tout ?
Et qu’emporte-t-on lorsque l’on part pour le Grand Voyage ?
Alors à quoi bon vouloir t’attacher à moi malgré toi ?
À quoi bon te forcer à aimer ce que tu n’aimes pas ?
Et pourquoi te suivrais-je là où je n’ai pas envie d’aller ?
Qui a exigé aux humains de porter des chaînes ?
L’Amour ne fait pas son nid dans les contraintes…
et ne s’épanouit pas dans les travaux forcés.
Il préfère les sentiers lumineux où ton regard se perd à l’infini lorsque ton âme exaltée ne trouve plus les mots mais que tes yeux se voilent de bonheur.
Quand tu me serres fort contre ton cœur en tremblant car tu sais comme moi qu’ici-bas… tout est éphémère…
Que l’Un de nous devra partir avant l’Autre.
Nous ne sommes que de passage sur la planète bleue.
Exilés quelques temps avant de retrouver notre vrai Pays.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Un désir ? Une envie passagère ? Un caprice ?
Une faim à rassasier ? Une présence indispensable?
Pourquoi devrais-je rester à tes côtés chaque instant de ma vie ?
Ai-je le droit d’exiger que tu me suives partout comme un bon toutou ?
Pourquoi t’oublierais-je lorsque tu es loin de moi ?
Pourquoi aurais-tu mal quand je ne suis pas près de toi ?
L’Amour Véritable abolit toutes les frontières.
S’il me fallait te voir pour t’Aimer… quel faux amour serait-ce là ?
Quel pauvre amour ? Quelle petitesse ?
L’Absence n’est cruelle que pour celui qui est Esclave.
Enchaîné à son Égoïsme.
L’Absence n’existe pas pour les Âmes liées dans l’Éternité.
Nulle souffrance dans la séparation.
Passer le stade de la Douleur pour connaître la Délivrance.
Être libre enfin… libérée des entraves…
Même au bout du monde, je te sens vivre dans mon cœur…
Lorsque je suis avec des gens, ce sont tes lèvres qui leur sourient
et au-dessus de leur tête, plane ton regard…
Il remplit tout l’espace… bleu… si bleu…
à trembler l’Immensité.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Vivre côte à côte sans avoir rien à se dire ?
Ne plus se supporter mais continuer malgré tout ?
Et de temps en temps calmer ses ardeurs au fond d’un lit triste à mourir ?
S’accrocher comme à un radeau à cet autre qui n’est déjà plus là ?
Croire que cette aumône sexuelle le retiendra ?
Le corps n’est rien si le cœur ne bat plus.
Mais ils sont des milliards d’humains à vivre ainsi…
et leur Âme malheureuse agonise au fond d’eux.
Et l’Ego crucifié souffre… pleure… crie… frappe… tue parfois…
Mais se venge toujours sur les mêmes victimes,
hommes, femmes, enfants, animaux…
tant de souffrances infligées… tant de sacrifices
sur l’Autel désacralisé de l’Amour.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
T’ai je jamais demandé d’être fidèle ?
As-tu, une seule fois, douté de moi ?
Pourrais-je te trahir sans que tu le saches ?
Pourrais-tu me mentir en gardant ton regard aussi limpide ?
La Fidélité serait-elle une exigence ? Un devoir ? Une obligation ?
Ne s’impose-t-elle pas d’elle même lorsque l’on Aime vraiment ?
Si mon cœur brûle pour Toi pourquoi me perdre dans des ébats stériles ?
Et si je n’étais plus dans ton Âme à quoi bon revenir ?
J’ai traversé tant de déserts glacés avant Toi…
Connu tant de nuits blanches qui n’apaisent pas…
Tellement erré dans l’Ombre pour toucher ta Lumière….
Tu as brisé tant de rêves de femmes…
Trahis tant de serments avant de m’apparaître si fatigué…
Désabusé… presque brisé.
Comme le chemin fut long
pour que nos âmes se reconnaissent enfin… du fond de nos yeux.
Mais l’Amour… qu’est-ce que c’est ?
Était-ce ce fil lumineux unissant nos regards à n’en plus finir ?
Cette étrange sensation de nous connaître depuis toujours ?
L’éblouissante communion de cette part invisible de nous-mêmes ?
Quand les mots ne sont pas assez puissants pour dire l’indicible ?
Quand le silence devient luminescent… que restent closes les lèvres…
et que les mots d’or, gravés au feu, éclatent le cœur…
ENFIN TE VOILÀ …
Adriana Evangelitz