Le jour de la mort de mes parents ….
Le 6 janvier, mon père a quitté son corps. Et j’ai fait une expérience que j’aimerais partager avec vous.
J’aimais beaucoup mon père, j’ai eu avec lui une belle relation même si parfois difficile.
Ce qui a été en partie ma motivation pour travailler sur moi.
Le 24 décembre sans le chercher, j’ai ressenti une soudaine guérison de notre relation, comme une grâce après deux décennies de travail sur ce sujet.
Et ce jours là, il est rentré à l’hôpital. Il vivait au Costa Rica.
Il était très en forme jusqu’à ce moment-là. Le matin même il avait fait une marche de deux heures dans la forêt, ce qu’il faisait deux fois par semaine. C’était le vrai gardien du sanctuaire de la conscience.
Son état s’est dégradé jour après jour.
Le 31 décembre il nous a tous appelés. La conversation ressemblait à un au revoir. Nous avons eu une très belle conversation, nous nous sommes demandés pardon. Apres cette discussion je me suis sentie tellement soulagée.
2 jours après, je suis allée à son chevet. J’ai pu le voir seulement quelques minutes, il était déjà dans un état intermédiaire. Quand je lui ai demandé comment il allait il m’a répondu “Je suis avec la forêt, je suis entouré des plantes, elles sont en train de me guérir, en fait je suis déjà guéri, je peux partir d’ici”. J’ai trouvé qu’il avait un peu de peur. J’ai voulu lui dire de suivre la lumière mais je n’ai pas eu le temps.
Mon père était un être d’amour. Et son départ à beaucoup ressemblé à sa vie. Le lendemain, quand ma mère, ma sœur et moi sommes allées lui rendre visite. Un docteur nous a annoncé sa mort par infarctus pendant son sommeil. J’ai été prise de frissons et d’une vague d’amour. Les larmes ont coulé mais pas de tristesse, sinon d’amour et de gratitude pour cet homme qui m’a préparé à la vie et qui m’a donné autant d’amour. Pendant que le médecin donnait des explications médicales, j’ai senti sa présence autour de moi, comme une douce chaleur très agréable.
Nous sommes allés à la Shamana, ma maison où il vivait et avons pris la décision de rester entre nous, ma mère, mes deux sœurs et nos enfants. Nous avons prié ensemble, nous lui avons parlé, marché dans le jardin qu’il nous a planté, dans lequel quelques jours après nous avons versé ses cendres.
Nous avons pris soin les uns des autres, avec bienveillance et surtout nous avons beaucoup parlé de ce que nous ressentions.
Mes sœurs et moi, ressentons la même chose, de l’amour et de la gratitude. Mon père était quelqu’un de très rigolo, il avait toujours des histoires très amusantes à raconter. Nous nous sommes rappelé quelques-unes et nous pleurions de rire.
Nous avons beaucoup rigolé. La joie c’est ajouté à l’amour et à la gratitude. Nous sommes restés dans cette énergie pendant plusieurs jours. Comme en état de grâce. Cela m’a rappelé ce que je ressentais après la naissance de mes enfants. Nous avons choisi de nous connecter à l’amour qu’il nous a donné et aux nombreux beaux moments que nous avons vécu avec lui.
C’était tellement fort, que même ma mère, pour qui le processus est différent, était portée par cette énergie, même si je suis consciente que pour elle ça va être plus sur la durée et dans le quotidien qu’elle fera son deuil.
Cela fait 10 jours qu’il est parti, je suis surprise de constater que pour mes sœurs, nos enfants et moi la tristesse n’a jamais été là. Alors que nous l’aimons tous profondément. Pour mes deux frères qui n’ont pas pu venir, le processus était le même. Sauf qu’eux étaient tristes de ne pas pouvoir être avec nous.
J’ai été surprise de la façon dont nous avons vécu ce moment. J’ai l’impression que cela fait partie de nouvelles énergies qui se mettent en place; Je me rends compte que nous avons fêté la vie de mon père lors de sa mort et nous avons réussi sans le vouloir à enlever le côté dramatique souvent associé à la mort. Nous n’avons pas fui la tristesse, elle n’a jamais été là.
Quand je me rappelle de mon père, le sourire et l’amour arrivent de suite. Cette expérience me connecte à la conscience que la mort est un passage vers une autre réalité et qu’elle fait partie intrinsèque de la vie, elle est sa continuation…
Ana Sandrea