Les étapes d’évolution sur le chemin spirituel
Dans son évolution spirituelle, l’homme passe par différentes étapes, chacune d’elles ayant des caractéristiques spécifiques. Reconnaître ces caractéristiques peut ouvrir la voie vers des niveaux supérieurs qui nous mènent sur le bon chemin.
Dans la vie, plusieurs choix vous sont présentés menant à de nouvelles étapes de développement. Au début, la plupart progressent sur le même chemin mais, à certains moments, vous avez le choix : rester immergé dans le monde du statu quo ou explorer les splendeurs de votre voyage spirituel. Ces choix peuvent apparaître à tout moment de votre vie ; la clé est de rester vigilant et d’écouter la sagesse de votre cœur.
Ces étapes sont tirées de l’expérience de personnes de mon entourage ainsi que de mon propre vécu. Si, comme ce fut le cas pour moi, vous souhaitez avoir quelques repères pour vous situer sur votre chemin, ces indicateurs pourraient vous être utiles.
J’ai scindé le chemin en 4 étapes : la jungle, la forêt, le jardin et le paradis. Ces étapes ne sont pas expérimentées dans un enchaînement linéaire, mais se chevauchent et s’interconnectent.
LA JUNGLE
La grande majorité des gens sur la planète est à ce niveau. La personne est piégée par le matérialisme. Obnubilée par les phénomènes sensoriels, elle cherche allègrement à les satisfaire. Elle cultive le plaisir des sens. Les expériences de découvertes se transforment en dépendances générant de graves conséquences.
La personne ne s’appartient pas, elle se laisse prendre par ses mécanismes. Elle ne choisit pas vraiment, ce sont ses mécanismes, ses conditionnements qui la prennent en otage.
Elle a peu ou pas conscience du monde subtil (énergies, clairvoyance, magnétisme) et de celui de l’Esprit (le Soi, la Conscience, Dieu)
Elle est fortement préoccupée par la survie du corps, elle l’idolâtre.
Elle estime que tout ce qui lui arrive est le fruit du hasard.
Elle se sent peu responsable de ce qu’elle vit, mais en rend les autres responsables.
Elle cherche à contrôler tout ce qu’elle peut et veut même contrôler son manque de contrôle.
Elle recherche systématiquement des distractions pour échapper à ses propres insatisfactions.
Elle ne vit pas, elle existe. Sa vie est mécanique, tout est programmé. Elle a mis en place un grand nombre de règles qui lui servent de point d’ancrage. Elle vit sa vie en conformité avec ces règles. Au lieu d’être ouverte et vigilante, elle divague dans un état de somnambulisme.
Elle est fortement conditionnée et vit essentiellement à travers et en fonction de ses conditionnements. Ses conditionnements lui font se méfier de certaines situations, se protéger de certains types de personnes, chercher telle ou telle satisfaction.
Pour elle, les situations arrivent mécaniquement ou inopinément. Il n’y a pas de maîtrise, pas de compréhension.
Elle appuie accidentellement sur ses propres boutons émotionnels ou ce sont les autres qui s’en chargent. La colère, l’enthousiasme, la peur sont le fruit du hasard.
Elle avance en zigzaguant et en trébuchant. Elle va de plaisir en plaisir, cherchant un peu de réconfort. Des troubles sévères de manque d’estime ou de confiance en soi fragilisent la personne qui s’adonnera facilement à des activités autodestructrices.
Chaque désir s’empare d’elle et devient son maître.
Elle n’a jamais entendu parler d’éveil spirituel et ça ne l’intéresse pas. Tous les voiles peuvent se lever momentanément, l’Être pourrait se révéler, la personne n’y ferait pas attention. Elle préférerait continuer de bavarder avec ses amis plutôt que de s’immerger dans la présence divine. À ce niveau, la personne n’a aucun intérêt pour la spiritualité et rien en elle ne peut entrer en résonance avec le monde de l’être. Elle n’est pas prête.
Le sujet (l’ego) croit être l’auteur ou le créateur de sa vie. Il croit que ce qui lui arrive dépend totalement de lui ou pas du tout. Il ne connaît que sa volonté personnelle. Il VEUT agir, ne pas agir, se mettre en valeur, se cacher, s’améliorer. Il s’approprie ce qu’il aime et rejette ce qu’il n’aime pas.
LA FORET
À ce niveau de conscience, la personne fait occasionnellement des prises de conscience dont elle se souviendra. Elle commence à prendre un peu de distance avec ses comportements et ses attitudes, elle voit qu’il est possible de changer le cours des choses.
Elle voit occasionnellement un lien de cause à effet entre ses pensées et ce qui lui arrive.
La souffrance est souvent son maître. Quand elle n’en peut plus de souffrir, elle essaie de changer quelque chose.
Elle a l’espoir de s’en sortir, de trouver quelque chose.
Plusieurs situations qui étaient jadis satisfaisantes sont maintenant vides et décevantes. Le changement s’impose.
Elle fait fréquemment l’expérience du manque.
Elle essaie différentes voies, différentes disciplines. Elle cherche tous azimuts. Elle tâtonne. Beaucoup d’options ont une valeur égale, elle voit difficilement la différence entre celles-ci.
Elle commence à être un étudiant de la vie. La quête n’est pas très profonde, mais elle a commencé. Il reste un long chemin à parcourir. La recherche existe, mais n’est pas consciente, elle est fortuite. Comme elle ne cherche pas consciemment, elle ne peut maintenir la vision. L’autre monde la pénètre, l’effleure, puis disparaît.
La distinction entre le manifesté et le non-manifesté, le Soi et le soi n’est pas encore connue. Le regard ne voit que les apparences ; l’essence n’est pas perçue.
Elle s’engage dans une quête de l’essentiel et commence à tourner son regard vers l’intérieur.
Elle commence à s’intéresser à la spiritualité : méditation, yoga, lectures spirituelles, stages orientés sur la Conscience, etc.
Elle sait être parfois présente à ses pensées, émotions et stratégies. Vivre l’instant est de plus en plus fréquent, le passé et le futur affectent moins le présent.
LE JARDIN
La personne est consciente de contribuer à presque tout ce qui lui arrive. Elle prend conscience de ses attachements et s’en libère. Elle cherche à devenir de plus en plus consciente.
Elle est insatisfaite de ce qu’une vie basée sur l’ego peut offrir.
Elle fait de plus en plus de liens entre son vécu et ses croyances.
Capacité à rester en distance avec les phénomènes, à ne pas s’y identifier. Peut maintenir la position de témoin en méditant, mais pas dans l’action.
Elle découvre la joie d’utiliser son intuition et se réfère à sa petite voix intérieure plus souvent.
Elle vit moins de honte et de culpabilité concernant ses comportements déviants. Elle se juge moins et s’accueille davantage.
Elle a confiance de pouvoir trouver quelque chose de valable qui l’aidera à être heureuse.
Elle s’intéresse à ses comportements constructeurs et destructeurs. Elle est capable d’en prendre responsabilité.
Elle distingue de mieux en mieux le Soi et l’ego ; le Réel et les phénomènes.
Elle est plus présente à ses pensées, émotions et stratégies. Vivre l’instant est de plus en plus fréquent ; le passé et le futur affectent moins le présent.
Elle est de plus en plus habile à offrir une présence aimante.
Elle vit occasionnellement des aperçus de l’union avec le divin.
Elle cherche comment passer à la conscience totale. Elle a conscience qu’il existe quelque chose au-delà des apparences et est attirée par l’univers subtil.
Un sentiment de plus en plus grand de ne pas être l’acteur de ses gestes et paroles, mais d’être agi.
La conscience que « Je suis en tout » et « tout est en moi » s’approfondit. Souvent, cette expérience surgit, puis disparaît. Puis, elle revient de plus en plus souvent et demeure de plus en plus longtemps.
Le silence est de plus en plus dense et présent. Il surclasse tous les sons qui, de ce fait, deviennent secondaires. Le silence est au premier plan.
La notion de séparation intérieure (soi et la Source) et extérieure (soi et le monde) s’efface.
LE PARADIS
La quête spirituelle est terminée, Être se reconnaît en tant que Totalité.
La conscience que Je suis est évidente. La notion de séparation a disparu et l’unité règne. La réalité matérielle disparaît au profit du non-manifesté. Avant, les phénomènes capturaient toute l’attention, maintenant c’est le non-manifesté qui s’impose en tant que objet/sujet. Durant cette période plus ou moins longue, le relatif n’a que très peu d’importance. Très peu d’émotions et de pensées nous traversent. Un désintéressement pour le corps physique est parfois observé.
Les caractéristiques de la personnalité demeurent, mais la personne n’y est pas identifiée.
Elle est affranchie des choses du monde tout en y étant sensible.
Elle EST, en toute conscience.
Les paroles et les gestes surgissent de la Présence.
Le silence règne, il est célébré.
Elle sait que sa nature véritable est éternelle et immortelle et que la forme matérielle est mortelle. La peur de la mort a disparu.
Elle est l’Un s’exprimant dans la dualité.
Elle est libre.
Elle est le monde et le monde est elle.
Elle est naturellement bienveillante et tolérante.
La paix intérieure n’est pas bouleversée par quelque évènement que ce soit.
La joie s’élève sans cause ni condition.
Un vécu hors du temps est constaté. S’il est possible de composer avec la réalité temporelle, la personne n’y est plus assujettie. Elle est affranchie du temps mental. Elle vit dans la plénitude du moment présent. Elle est le moment présent.
La nature illusoire de la réalité est perçue. Cette vision n’empêche cependant pas de s’engager joyeusement dans la vie.
C’est à cette étape que le monde relatif retrouve sa place. Dépouillé de sa notion de séparation, un amour immense est ressenti pour la création.
Des phénomènes personnels générant de l’inconfort sont observés. Il est possible d’y mettre de la conscience pour les transformer ou les dissoudre. Certains sont cependant passifs et choisissent de ne pas s’occuper de ces inconforts et d’assumer les conséquences de leur passivité.
La notion d’éveil ne veut plus rien dire et… demeure la plus grande, la plus fabuleuse découverte de notre vie. Une vie simple et ordinaire est vécue et les aléas qu’elle présente ne posent pas de problème. Il n’y a rien à défendre, mais s’il y a quelque chose à défendre, c’est bien aussi. Cette réalité est reconnue et accueillie telle qu’elle est. Chacun exprime ce qu’il est et rayonne au travers d’une personnalité totalement imparfaite et reconnue comme étant divine. Il s’agit d’expérimenter la forme corps-esprit à partir de la Non-forme.
Le voyage spirituel est terminé. Comme lorsqu’un train arrive en gare, nous en descendons. À cette étape, la personne est éjectée du train de la spiritualité. Il est vu que rien n’est spirituel et que tout l’a toujours été.
Il est vu que :
Je suis ce qui parle, ce qui est parlé et la parole ; je suis aussi absence de parole.
Je suis ce qui agit, ce qui est agi et l’agissement. Je suis aussi absence d’agissement.
Je suis ce qui veut, ce qui est voulu et la volonté. Je suis aussi absence de volonté.
Je suis ce qui médite, ce qui est médité et la méditation. Je suis absence de méditation.
Je suis tout ce qui est…
Je suis l’Alpha et l’Omega,
Je suis Rien et Tout
ET…
Je suis ce qui est incarné dans une forme spécifique que j’appelle « moi » et qui sait qu’elle n’est qu’une apparence du Soi, l’invisible. Néanmoins, cet outil-instrument-véhicule et incarnation de la Conscience a sa propre réalité, espère jouir de la vie et vivre sa vie en conscience.
Après le basculement, ici nommé le paradis, l’état peut ne pas être stable. Des adhérences peuvent encore se produire. Les tendances égotiques demeurent et ne manqueront pas de se cristalliser. Les plus importantes reviendront à plusieurs reprises. L’ego est déraciné, mais comme pour les pissenlits, des fleurs peuvent repousser même après que l’on ait arraché la racine. Les racines de l’ego sont tenaces. Certains voiles peuvent encore se former et créer l’illusion d’être séparé. Ceux-ci seront passés au crible de la conscience afin de retrouver un espace immaculé et radieux.
Claudette VIDAL