Julie Latour
Le côté obscur de l’empathie : Les individus empathiques, ou ceux dotés d’une grande sensibilité, sont intimement familiers avec le défi consistant à équilibrer leurs émotions dans un monde empli d’énergies conflictuelles et intenses. Bien que la plupart considèrent l’empathie comme une qualité positive, les empathes connaissent aussi le revers sombre de cette caractéristique innée.
La capacité de comprendre ce que traverse une autre personne et de lui offrir soutien et compréhension peut littéralement sauver des vies dans certains cas.
Cependant, les empathes absorbent l’énergie et les émotions de chaque individu qu’ils croisent. Ces sentiments deviennent profondément enracinés dans leur conscience et peuvent les affecter pendant des semaines, voire des mois, après l’interaction.
De plus, les empathes ne se limitent pas à absorber les émotions des personnes avec qui ils interagissent. Ils sont également sensibles à l’énergie de leur environnement, aux sons, aux lumières, aux conversations et à la vibration générale de chaque lieu qu’ils fréquentent. Parfois, les empathes perçoivent leur don comme une malédiction, car il a un coût.
Nous avons besoin d’empathes, ou de personnes très sensibles, pour contribuer à la guérison du monde, mais il est tout aussi essentiel que chacun prenne soin de soi. Les empathes ont souvent tendance à négliger leurs propres besoins pour prendre soin des autres, et c’est à ce point que le don de gentillesse peut rapidement se transformer en quelque chose de négatif.
Les personnes sensibles aspirent à aider le monde, en toute sincérité.
Elles ne supportent plus la douleur, la souffrance, la violence et l’oppression. Leur désir est de voir un monde baignant dans la paix, l’amour et la réussite pour tous.
Toutefois, étant confrontées à une réalité souvent diamétralement opposée pour de nombreuses personnes, elles s’épuisent rapidement et peuvent perdre la foi. Elles disposent d’une grande capacité à faire face à la dureté du monde et à y répondre à leur manière. Lorsqu’elles aident les autres à résoudre leurs problèmes, ce cycle se perpétue.
Les empathes absorbent les émotions de leur entourage et doivent prendre du temps pour se ressourcer afin de retrouver leur énergie.
Lorsqu’une partie de l’empathe se sent déséquilibrée, cela peut ressembler à une bataille interne qu’elle ne semble pas pouvoir gagner. D’une certaine manière, le fait de porter les sentiments et les émotions du monde peut devenir écrasant, expliquant ainsi en quelques mots la « malédiction » de l’empathe.
Les empathes ont le désir de sauver le monde, mais ils ne veulent pas se perdre en chemin. C’est un équilibre subtil qui requiert un ajustement constant pour fonctionner harmonieusement, pour les deux parties impliquées.
Pour illustrer simplement comment fonctionne l’empathie dans le cerveau humain, prenez l’exemple d’une expérience menée par la neuroscientifique Dr. Tania Singer en 2004. Dans cette expérience, seize couples ont été placés dans un scanner IRM.
Ces couples ont reçu un choc électrique douloureux, provoquant une douleur physique et émotionnelle. Les zones cérébrales associées à l’empathie chez les participants qui ont observé leur partenaire souffrir se sont illuminées, comme un feu d’artifice.
Cependant, beaucoup de gens ressentent de l’empathie envers des inconnus.
Prenons le cas des soignants, des infirmières et d’autres professionnels qui doivent s’occuper quotidiennement des besoins des autres. Des études ont montré que ces personnes sont souvent victimes d’un « stress traumatique secondaire » en raison de leur contact régulier avec des patients. Ils absorbent naturellement la douleur et la souffrance des patients pendant leur processus de traitement, ce qui peut les épuiser émotionnellement.
Mais comment les individus intrinsèquement plus sensibles aux émotions des autres et du monde qui les entoure font-ils face à une réalité de plus en plus stressante ?
Selon les recherches de Singer, la réponse pourrait être assez simple.
De nombreuses études menées par elle et son équipe suggèrent que la compassion, plutôt que l’empathie, peut être bénéfique pour les personnes particulièrement affectées par l’énergie et les émotions des autres. La compassion implique de se soucier sincèrement de l’autre personne tout en évitant d’absorber ses émotions et sentiments.
Bien que cela puisse sembler dur d’une certaine manière, les empathes doivent préserver leur énergie et ne pas la disperser excessivement. L’empathie ne sert à rien si les gens ressentent qu’ils doivent souffrir pour que quelqu’un d’autre puisse recevoir de l’aide.
« Le monde n’a pas besoin de plus d’empathie si cela signifie ressentir la souffrance d’autrui comme la sienne », explique Michael Poulin de l’Université d’État de New York. « Cela pourrait doubler la souffrance dans le monde. »
