Julie Latour
Peut-être qu’un jour je t’oublierai… Qui sait, peut-être qu’un jour je pourrais m’endormir sans le rituel de regarder ta photo en premier, ou que mes pensées matinales ne commenceront plus invariablement par toi. Peut-être qu’un jour, nos souvenirs s’estomperont, que je ne sentirai plus ton parfum imprégné partout.
Peut-être qu’un jour, les détails de notre rencontre, de notre premier baiser, de notre première fois s’effaceront de ma mémoire.
Qui sait, un jour peut-être, je pourrais raconter notre histoire sans que mes yeux se remplissent de larmes, ou écouter notre musique sans que la tristesse m’envahisse. Si seulement il existait un remède pour oublier les choses, tout serait plus simple, mais la réalité est bien plus complexe, la mémoire insistant pour que le cœur retourne où il veut être.
Peut-être qu’un jour, tu ne seras plus qu’une figure banale parmi toutes les personnes que j’ai croisées et qui ont marqué ma vie, mais qui ne font plus de différence. J’aurai peut-être du mal à me rappeler ton nom lorsque je raconterai une anecdote liée à notre passé.
Je sais qu’un jour, le parfum, ton sourire, l’odeur de tes cheveux et la forme de tes mains s’effaceront de ma mémoire.
Il se peut que j’oublie même les détails, comme si tu avais des fossettes ou la couleur de tes yeux, et qu’un jour, ton groupe préféré, ton film préféré ou ton plat préféré ne me rappelleront plus rien. Tu ne seras plus qu’un flou dans le contexte de mon passé.
Qui sait, peut-être qu’un jour, nos chemins se croiseront dans la rue, et je jetterai un regard pour vérifier si je te connais vraiment de quelque part.
C’est ce que je penserai, et peut-être résisterai-je à l’envie de me retourner pour te dire bonjour, peut-être un peu maladroitement.
Quand ce jour viendra, je t’aurai oublié, nos souvenirs, nos histoires, mais je me souviendrai encore de cette façon unique dont tu demandais un câlin et dont tu me serrais dans tes bras. De cette période où je n’étais vraiment heureux qu’à tes côtés.
Vous savez, le bonheur peut se trouver dans les choses les plus simples de la vie, et la vie elle-même ne demande pas grand-chose en retour, seulement que nous ressentions ces moments avec intensité et sincérité.
Mais bien souvent, nous sommes tellement absorbés par nos propres problèmes que nous compliquons inutilement les choses pour ne pas avoir l’air dignes de ce bonheur. Nous préférons que ce soit une utopie ou un beau conte de fées que nous ne réaliserons jamais, car les gens sont faits de chair et de sang, d’erreurs et de réussites, de défauts et de qualités.
Ils ne correspondent pas à nos fantaisies ou à ce que nous voulons qu’ils soient, c’est-à-dire parfaits. C’est ainsi que nous perdons des personnes en cours de route, que nous les mettons de côté comme de vieux jouets dont nous nous lassons, oubliant par la même occasion un peu de qui nous sommes.
La mémoire peut être une compagne difficile à vivre lorsqu’elle s’accroche à un passé dépourvu de sens, mais qui continue à nous hanter.
Peut-être qu’un jour, je parviendrai à t’oublier, et qui sait, peut-être que je pourrai dormir sans avoir besoin de regarder ta photo en premier, ou que ma première pensée du jour ne sera plus toi.
La mémoire est comme une petite boîte de souvenirs que nous ouvrons de temps en temps pour revivre un moment qui a disparu, laissant derrière lui seulement le désir.
