Clément Artois
Souvent nous préférons refouler notre tristesse : « les larmes que je n’ai pas pleurées, la tristesse dont je n’ai pas tenu compte ». Le confinement émotionnel est une expérience que beaucoup d’entre nous ont traversée. Parfois, cela devient même une partie intégrante de notre éducation, et nous enseignons souvent aux enfants à réprimer leurs émotions en leur disant : « Ne pleure pas, les gens forts et matures ne laissent jamais leurs larmes couler. »
Il se peut que depuis ce moment, vous ayez cherché des endroits isolés pour exprimer vos émotions, pour libérer votre voix et soulager votre douleur, afin de retrouver votre équilibre émotionnel. Cette pratique est à la fois saine et nécessaire.
Cependant, certaines personnes non seulement répriment leurs émotions, mais elles vont même jusqu’à les éviter complètement.
Pourquoi nous choisissons de refouler notre tristesse ?
Que ce soit en raison de leur éducation ou de leur personnalité, elles préfèrent ne pas reconnaître ni ressentir leurs émotions.
La retenue émotionnelle est à l’opposé de la compréhension émotionnelle. Une personne qui se cache derrière cette retenue n’a pas saisi les complexités de son propre monde émotionnel, car reconnaître ses vulnérabilités est en réalité une marque de force. C’est la différence entre la connaissance de soi et le déni de ses faiblesses.
Le confinement émotionnel implique littéralement le fait de refouler ses impulsions, instincts, passions et émotions. Cela signifie garder ces sentiments non seulement cachés aux yeux du monde, mais aussi à soi-même. Mais pourquoi adoptons-nous cette approche ? La réponse à cette question peut être complexe, étant donné les influences des schémas éducatifs, sociaux, psychologiques et même biologiques, comme l’expliquent les psychologues.
Pourtant, la compréhension émotionnelle nous rapproche de l’inclusion, de la proximité et de l’empathie envers les autres et envers nous-mêmes. La connaissance de nos émotions est une des compétences les plus précieuses que nous puissions acquérir.
Pourquoi donc choisissons-nous de refouler notre tristesse, par exemple, au lieu de l’exprimer ?
Pourquoi la retenue émotionnelle semble-t-elle parfois plus avantageuse ?
1. Refouler notre tristesse : Il s’agit d’un mécanisme de défense.
Si je choisis de ne pas réagir à une trahison ou à une tromperie, et que je préfère avancer rapidement sans prendre le temps d’explorer mes sentiments, cela peut sembler une manière de minimiser la douleur. En évitant de reconnaître que j’ai été blessé, je peux espérer que la douleur s’atténuera plus rapidement.
2. Il s’agit d’une stratégie d’auto-protection.
En cachant ma tristesse et ma douleur, je peux éviter de paraître vulnérable aux yeux des autres, de ne pas être perçu comme une victime. Exprimer mes émotions signifie souvent perdre le contrôle, une situation que beaucoup ne se sentent pas à l’aise de gérer.
3. Pourquoi refouler notre tristesse : L’ignorance émotionnelle.
Cela peut sembler surprenant, mais il y a des individus qui, pour diverses raisons, n’ont pas été confrontés à la souffrance, à l’échec ou à la déception. Prenons par exemple de nombreux jeunes, élevés dans une culture où tous leurs besoins sont satisfaits et où ils ont peu d’expérience de la frustration. Si, du jour au lendemain, ils rencontrent une perte ou un échec dans leur vie sentimentale, ils peuvent se sentir submergés ou « bloqués ». Dans de tels cas, le déni ou la retenue émotionnelle peuvent être leur réaction naturelle.
« Les émotions non exprimées aujourd’hui peuvent créer un vide insurmontable demain. Le fait de ne pas reconnaître une tristesse latente peut progressivement nous pousser vers un précipice où nous risquons de sombrer, que ce soit sous la forme de problèmes de santé ou de traumatismes. »
La gestion de la douleur et de la déception requiert une approche appropriée pour favoriser la guérison émotionnelle.
Il est important de comprendre que le bonheur n’est pas une garantie constante dans la vie. Accepter le moment présent, avec toutes ses imperfections, constitue une manière de vivre avec intégrité et équilibre émotionnel, où la tristesse est reconnue comme faisant partie de l’expérience de la vie et contribuant à notre croissance personnelle.
Parfois, nous développons la capacité de séparer notre monde intérieur de notre réalité extérieure. Nous nous laissons emporter par le tumulte quotidien, par les exigences du travail, par la routine, sans réaliser que nous nous éloignons de notre être intérieur, comme si nous étions en train de nous perdre.
Pourquoi cela se produit-il ?
C’est parce que nous nous déconnectons de nos émotions et de notre être authentique, en masquant notre malaise avec un semblant de bien-être. Lorsque des symptômes physiques tels que des maux de tête, de la fatigue, des douleurs cervicales et dorsales surviennent, nous avons tendance à les traiter avec des analgésiques, sans prendre conscience que ce sont des signaux de détresse de notre corps.
Il est essentiel de se reconnecter à nos émotions, de les accepter et de reconnaître que la douleur, qu’elle soit émotionnelle ou physique, ne doit pas être ignorée. C’est un appel à prendre soin de soi, à chercher des moyens de guérir et de trouver un équilibre intérieur plutôt que de simplement masquer les symptômes.
Ces symptômes de malaise, de larmes retenues et de tristesse que nous avons refusé de reconnaître et de gérer sont maintenant devenus une part de nous, une emprisonnante réalité.
Il est crucial de ne pas procrastiner l’expression des émotions. La colère doit être exprimée, la tristesse doit être pleurée, et les échecs doivent être examinés et assumés. Ils ne doivent pas être cachés. La compréhension émotionnelle est une forme de libération que nous devrions cultiver chaque jour. Elle nous permet de prendre conscience de nos émotions, de les accepter et de les laisser s’exprimer, plutôt que de les retenir et de les accumuler.
