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Apprendre à mourir pour mieux vivre sa vie, cette idée est profondément enracinée dans vingt-cinq siècles de philosophie

mourir
Image crédit : pixabay.com

Apprendre à mourir pour mieux vivre sa vie, cette idée est profondément enracinée dans vingt-cinq siècles de philosophie. Cependant, lorsque la mort frappe, lorsqu’elle touche nos proches ou s’insinue en nous, toute cette connaissance nous est-elle d’un quelconque réconfort ?

« Je ris de ces philosophes avec leur projet absurde et ancien », écrit le philosophe Roger-Pol Droit dans son livre « Si je n’avais plus qu’une heure à vivre ». Comme s’il était possible d’apprendre ce qui ne se répète pas, ce dont on ne peut avoir qu’une expérience unique et intransmissible. […] Je sais que je vais mourir, mais j’ignore ce qui m’attend. […]

Voilà un prétendu savoir qui ne nous aide en rien. […] Chacun de nous meurt pour la première et la dernière fois… » Pourquoi faudrait-il anticiper notre propre mort alors que « tout le monde y parvient très bien du premier coup ? » ajoute l’écrivain Michel Houellebecq, dont la vision sombre de l’existence est fortement marquée par cette perspective fatale.

La pensée de la mort est à la fois impossible et nécessaire. Impossible car, à moins d’avoir vécu une expérience de mort imminente, elle ne peut être connue ni avant, ni pendant, ni après. Néanmoins, elle est nécessaire car « toute notre existence, le sens que nous lui donnons et notre capacité à vivre en liberté dépendent de cette pensée », affirme Elsa Godart.

Paul, âgé de 39 ans, rescapé d’un terrible accident de voiture, affirme avoir enfin compris la valeur de l’existence, miraculeuse et fragile. « Soudainement, on perd toute innocence. En une fraction de seconde, tout peut s’arrêter. Au départ, on ressent une grande peur, pour soi-même et pour ses proches. »

Et puis la peur disparaît et nous nous autorisons à vivre plus intensément, sans perdre davantage de temps. » Beaucoup d’entre nous font ce constat : c’est dommage d’attendre le cancer, la perte d’un enfant ou d’un partenaire pour réévaluer nos priorités.

Intégrer la mort dans nos conversations familières, n’est-ce pas donner plus de profondeur à l’amour ? Car c’est bien d’amour dont il s’agit lorsque nous abordons ensemble ces questions : comment je souhaite partir, ce que je veux accomplir avec toi avant, comment j’espère ta présence à mes côtés lorsque le moment viendra, où je souhaite reposer, où tu pourrais venir te recueillir, que faire de mes vêtements, de mes écrits, de mon profil sur les réseaux sociaux…

Parler de la fin pour prendre soin les uns des autres, pour célébrer la vie jusqu’à ses derniers instants. À une époque où, comme l’observe Hans Küng, théologien farouche défenseur du droit de choisir sa mort et auteur de « La Mort heureuse » (Seuil), une médecine extrêmement performante est « capable de provoquer la mort presque sans souffrance, mais aussi, dans de nombreux cas, de repousser considérablement le moment », il est grand temps de réfléchir à un nouvel « ars moriendi », garant d’une mort heureuse, celle qui permet de se séparer dignement de ceux qui nous sont chers.

Bernard Crettaz, anthropologue suisse et auteur de « Cafés mortels : sortir la mort du silence » (Labor et Fides), nous invite à « arracher la mort aux spécialistes, l’Église, la médecine » et à retrouver des moments pour « en parler avec nos tripes ». Il a lui-même fondé les Cafés mortels, s’inspirant du concept des cafés philosophiques.

Les Cafés mortels offrent une occasion d’évoquer la mort sous toutes ses facettes : celle que l’on appréhende, celle dont on ne guérit pas et même celle que l’on souhaite. Ces espaces de discussion permettent d’aborder ce sujet délicat de manière ouverte et authentique. Aujourd’hui à la retraite, Bernard Crettaz a créé un projet qui mérite d’être ressuscité.

En redonnant la parole à la mort, en laissant les individus exprimer leurs pensées, leurs craintes, leurs espoirs et leurs désirs, les Cafés mortels nous invitent à une réflexion collective sur ce qui est inévitable pour chacun de nous. Ces rencontres sont une occasion précieuse de briser le tabou entourant la mort, de la rendre plus accessible et de favoriser une meilleure compréhension de ce processus universel.

En permettant des discussions sincères et profondes sur la mort, les Cafés mortels nous encouragent à repenser notre rapport à la fin de la vie, à envisager des questions éthiques et à cultiver une plus grande empathie envers ceux qui sont confrontés à la mort, que ce soit personnellement ou dans leur entourage.

Réintégrer la mort dans nos conversations quotidiennes, la libérer des connotations négatives et lui donner une place légitime dans nos vies, c’est reconnaître son impact profond sur notre existence et embrasser pleinement la réalité de notre mortalité. Les Cafés mortels sont un exemple inspirant de la manière dont nous pouvons réinventer nos rapports avec la mort, en l’abordant avec courage, ouverture d’esprit et humanité.

Publié par Eleonore Dubreuil

Je pense que ma passion pour l'astrologie me vient de mon père. Lorsque j'étais petite, j'étais fascinée par les étoiles, je me souviens que j'allais souvent dans le jardin avec lui la nuit.Bien que l'astrologie ne soit pas une science exacte, elle est tout de même capable de donner des informations d'une grande précision, que ce soit pour l'amour, la carrière, ou l'avenir entre autres choses. Merci à vous d'être toujours aussi nombreux à me lire chaque jour.

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