J’ai longtemps pensé qu’il fallait être « parfaite » pour être heureuse…
« Parfaite » était une idée établie par ce que je voyais autour de moi, qui ne faisait pas partie de ma vie, car par définition, c’était une quête, et la vie étant une quête de mieux-être, ce n’était pas encore gagné pour moi.
J’ai été jugée, rejetée, très jeune, pour qui j’étais, physiquement, émotionnellement.
Artiste, remplie d’imagination, parfois moquée, parfois harcelée, parfois humiliée, je me demandais ce qu’il fallait faire pour être aimée.
Puis est venu le temps d’apprendre à s’aimer soi-même, et ça a commencé par me transformer, physiquement : MAIGRIR.
En maigrissant, je commençais à ressentir cette phobie des gros, car plus je mincissais, plus on se permettait de me féliciter, comme si, le corps que j’avais avant était un échec, et que le nouveau était enfin la félicitée, peu importe la façon ni les raisons pour lesquelles je m’y étais prise.
J’ai jugé les corps, j’ai jugé les choix de vie, j’ai rejeté les gens perdus, j’ai été intolérante et impatiente…
Puis j’ai jugé tant d’autres choix, d’autres cultures parfois, sans m’en rendre compte, dans une sorte de tourbillons du préjugés omniprésents, comme seule et unique vérité.
J’ai rejeté ceux qui étaient différents, sous prétexte qu’ils semblaient inférieurs, non évolués, lents, manquant de volonté, de réflexion, d’optimisme parfois…
J’ai voulu apporter de l’amour, pour moi-même, mais en jugeant les autres, et en désaimant ce que je ne comprenais pas, ce que je connaissais pas ou ce que je n’aimais pas chez moi et que je voyais inconsciemment en eux.
J’ai jugé les femmes, quand elles faisaient le choix de se cacher puis quand elles se montraient « trop ».
J’ai jugé parfois par peur, par jalousie ou pas méconnaissance.
Un jour, j’ai eu mal, j’ai flanché, j’ai vécu, j’ai compris.
J’ai appris.
Alors que je disais vouloir m’aimer, j’ai oublié d’être bienveillante et patiente avec moi, voulant être « parfaite », dans ce parfait qui n’existe pas : et j’ai évidemment fait pareil avec les autres !
Le respect de moi-même et d’autrui est né par l’expérience, et en étant moi aussi incomprise ; j’ai appris à aimer l’inconnu, car l’inconnu frappe toujours à sa propre porte un jour, et rentre dans sa maison, et on doit faire avec, même quand les voisins regardent, curieux en jugeant.
On ne sait pas ce qui est le mieux pour les autres, et ce n’est pas important. Ce qui l’est, c’est être heureux même face à une autre vérité, en lui laissant la liberté d’être.
Sa propre vérité est changeante, en permanence, et cette idée de parfaite stabilisation et constance, nous empêche d’apprécier les vagues, les tourments, les différences, de sa propre vie et celle des autres.
Il est si difficile d’être soi, d’être une femme, et encore plus quand on porte un message de corps, de religion, de culture, de personnalité, de foi, qui est différent de la norme, qui fait peur par sa différence.
Et si on admettait que nous sommes différents et qu’on ne pourra JAMAIS comprendre tout le monde.
Mais qu’on peut respecter qu’un choix, même le plus étrange qui soit pour soi… à la liberté d’exister ?
L’amour des autres réside en l’amour qu’on a pour soi, afin d’être respectueux, doux, et à l’écoute de ses besoins, d’accepter notre différence, d’affirmer qui nous sommes, et de faire de même avec le monde entier.
Nous jugerons toujours, nous sommes des humains !
Seulement, lorsque je juge, je me demande toujours, pourquoi je juge ? Est-ce utile ? Est-ce que mon jugement va faire grandir mon amour pour moi et pour les autres ?
J’ai appris à aimer en étant moi-même celle que j’ai jugée… et c’est le plus grand cadeau pour moi, d’être celle que j’ai rejetée, car j’ai appris dans ma souffrance, à transcender davantage cet amour pour moi et pour les autres, et le chemin est encore long, mais il est rempli d’espoir pour ma paix intérieure. 🙏
~Harmony Albertini