Julie Latour
Permettez-moi de vous exprimer une idée. Tout ce que nous désirons ardemment n’est pas nécessairement bénéfique pour nous. Parfois, nous sommes enclins à persévérer dans la poursuite de choses qui ont perdu leur pertinence dans nos vies, simplement parce que nous craignons d’affronter la réalité.
Il nous arrive de croire que cacher la saleté sous le tapis et de continuer avec quelque chose qui n’a plus de valeur est la meilleure option.
Nous commettons parfois l’erreur de confondre l’amour avec la persévérance.
En pensant que cela signifie tout endurer, rester insensible à tout, et persister quoi qu’il advienne. Toutefois, la réalité est que l’amour implique également le départ lorsque l’autre ne nous respecte pas.
C’est le fait de partir lorsque les sentiments ne sont pas réciproques, d’abandonner ce qui ne nous accueille plus et qui ne fait que nous blesser. Aimer, c’est avoir le courage de quitter le navire quand on se trouve à ramer seul, de démêler les nœuds serrés qui ont pris la place des liens autrefois forts.
Aimer, c’est réaliser que l’amour de notre vie n’est pas toujours garanti.
Et que l’affection envers quelqu’un peut être éphémère ou perdurer toute une vie, mais que l’amour perd de son sens lorsque seul un individu est prêt, seul un individu est investi. L’amour, c’est la capacité d’avancer en solitaire, de faire face à la douleur du désir et de comprendre qu’un jour, cette douleur s’atténuera pour laisser place à la gratitude pour ce qui a été perdu.
L’amour, c’est reconnaître que si vous vous êtes donné entièrement et que l’autre n’a pas su apprécier votre dévouement, ce n’est pas vous qui avez subi une perte.
L’amour, c’est aussi savoir qu’il faut parfois abandonner quelqu’un que l’on chérit profondément, car malgré tous nos efforts, il devient difficile de trouver une raison de rester. Aimer, c’est avoir la bravoure de dire « c’est assez », de faire demi-tour, de se détacher de quelqu’un qui ne vous accorde jamais de temps.
L’amour, c’est comprendre qu’il vaut mieux mettre un terme à quelque chose qui a depuis longtemps atteint sa fin plutôt que de le prolonger par incapacité à l’accepter.
À quel point cela vaut-il la peine de demeurer aux côtés de quelqu’un qui ne vous apporte pas la sérénité, qui ne vous traite pas avec sérieux, qui empoisonne vos journées au nom de l’amour ?
À un moment donné, nous prenons conscience que l’amour exige des efforts mutuels. Ce n’est pas une course pour déterminer qui atteint la ligne d’arrivée en premier ; c’est une marche côte à côte. Et bien que l’amour à deux puisse être gratifiant en présence de réciprocité, lorsque cette réciprocité fait défaut, s’aimer suffit.
On dit souvent qu’il est important d’insister, de persévérer et de ne jamais abandonner ce que nous désirons ardemment. Cependant, cette insistance devrait être réservée à ce qui en vaut réellement la peine, que la persévérance doit se concentrer sur nos compétences et talents avérés, et que l’abandon ne devrait pas concerner ceux qui encouragent notre excellence.
L’amour, c’est aussi se débarrasser de tout ce qui ne fait qu’apporter le chaos, car l’amour ne devrait pas être la source de problèmes, mais bien la solution.
