Julie Latour
Récemment, alors que je regardais un film, une scène en particulier a captivé mon attention parmi toutes les autres. Dans cette scène, une jeune femme s’attelait à la préparation du gâteau de mariage de sa sœur. Cependant, au cours de ce processus, une larme est tombée dans la pâte du gâteau. Ce qui a suivi a été tout à fait inattendu : lors du repas de noces, les convives qui dégustaient le gâteau ont été saisis par une vague de souvenirs d’amours passées et ont commencé à verser des larmes.
La demoiselle, tout comme la plupart des femmes, n’était pas contrariée par ces larmes. Je savais que ces larmes étaient le véhicule de la tristesse. Cette tristesse faisait partie d’elle, mais ne la définissait pas. Elle n’était pas triste. En réalité, elle débordait d’amour, de joie et de vivacité.
C’est précisément parce qu’elle possédait tant de bonheur et de résilience en elle que ces larmes ont coulé. Sa joie s’est transformée en larmes, et elle a essuyé ces larmes avec tendresse. La même tendresse avec laquelle elle cuisinait.
Il existe un proverbe irlandais qui dit : « Les larmes qui sont versées sont amères, mais celles qui ne sont pas versées sont encore plus amères ».
Car réprimer nos émotions, c’est s’enfoncer encore plus profondément dans ce qui cause la douleur.
Prenez un moment pour apaiser vos yeux et adoucir votre gorge. Laissez vos émotions se métamorphoser en un flot semblable à une rivière, coulant doucement sur votre visage. Libérez-vous des justifications et offrez-vous le luxe d’être humain.
Je reconnais avoir retenu de nombreuses larmes au fil du temps.
Il fut un temps où je ne voulais pas montrer la fin d’un roman ou pleurer devant un film en présence de ma mère. Dans ma naïveté, je l’accusais même d’exagérer ses émotions en versant des larmes (alors que moi-même j’étais submergé par une émotion étouffante). Mais les gens grandissent. Ils découvrent que leur force s’intensifie lorsqu’ils apprennent à pleurer. Ils réalisent combien leur équilibre s’améliore en exprimant leurs sentiments à travers les larmes.
La fragilité contenue dans une larme ne diminue en rien la force de celui qui pleure. Au contraire, en révélant sa vulnérabilité, il démontre également sa capacité à réagir avec délicatesse et sensibilité. Il est capable d’être robuste tout en étant aussi doux qu’une fleur.
Chaque chose en son temps. Les périodes peuvent être arides comme un désert ou chargées comme une pluie torrentielle.
Il y a des moments pour briller des yeux comme la rosée sur la fenêtre, et d’autres pour être la terre sèche sous le poids des jours arides.
Il y a des moments pour se réveiller avec un sourire radieux, et d’autres pour laisser éclater les larmes.
Il y a des moments pour éprouver de la gratitude en souriant et d’autres pour pleurer à chaudes larmes.
Il y a des moments pour relâcher la tension des épaules, lever la censure des mots et apaiser la sécheresse de la pensée.
Il est temps d’apprendre à être comme une rivière, une pluie, une cascade vivifiante, ou même l’eau de la mer.
Il est temps de trouver la saveur du sel même dans les moments venteux. Il est temps de cultiver la délicatesse et de transformer chaque aspect de la vie en une poésie vivante.
C’est le personnage féminin du film qui m’a enseigné cette leçon.
Elle m’a montré comment infuser de l’amour dans chaque aspect de la vie, même lorsque cet amour se manifeste à travers des larmes. Des larmes empreintes de beauté, qui révèlent à quel point notre capacité à aimer est profonde, même lorsque les relations ne se sont pas concrétisées comme prévu. Ces larmes reflètent un sentiment vivant qui réside en nous. Elles sont une manifestation de l’amour qui a existé en nous, même si la relation n’a pas perduré. C’est une émotion authentique qui a laissé sa marque.
Les larmes représentent également la vie elle-même, une matérialisation de notre existence et de notre aptitude à ressentir une connexion envers le monde qui nous entoure. Elles incarnent notre sensibilité à son apogée, illustrant à quel point le monde peut nous toucher et nous influencer.
Puissions-nous vivre la vie avec une touche de délicatesse, en permettant à nos larmes de couler et en adoptant une attitude moins rigide envers le monde qui nous entoure ?
Que les éléments essentiels de la vie enrichissent notre existence de pureté et de saveur. Que les gestes tendres d’offrir un mouchoir symbolisent l’ouverture et l’acceptation, et que les larmes essuyées deviennent le témoignage de notre humanité et de notre authenticité.
