Nous remettons à plus tard cette étreinte, repoussons le baiser empreint de nostalgie pour demain, différons l’aveu du manque que nous éprouvons envers cette personne, reportons le déjeuner familial à un jour ultérieur, et décidons de différer notre appel à cette personne aujourd’hui, préférant le réserver pour demain.
Cependant, quelles garanties avons-nous que ce futur adviendra ?
Qui peut assurer que demain nous aurons la possibilité d’appeler et de dire : « Tu me manques » ? Qui peut garantir que le « je t’aime » ne restera pas inexprimé, que l’étreinte, le baiser, les excuses, et le pardon ne demeureront pas inachevés ?
Combien de « je t’aime » ont été étouffés par la peur, combien d’excuses ont été étouffées par l’orgueil, combien de messages empreints de nostalgie ont été laissés en suspens par le manque de temps ? Combien de pardons sont repoussés à demain, sans même envisager que demain pourrait ne pas arriver ?
Le moment d’aimer, c’est aujourd’hui, c’est maintenant. Le moment de pardonner, c’est aujourd’hui, c’est maintenant.
Nous remettons tout à demain, en étant certains que l’autre sera présent et que nous serons là aussi, sans réaliser que demain pourrait ne pas se concrétiser pour nous. La tristesse la plus profonde réside dans le fait que nous nous auto-sabotons en différant nos actions à demain, en croyant que demain sera toujours là. Cependant, parfois, demain ne viendra peut-être pas pour nous, et alors nous nous retrouverons avec des regrets.
Je m’auto-sabote lorsque je ressens ton absence et ne le partage pas, lorsque j’éprouve un amour profond et ne le manifeste pas, lorsque j’ai le désir de communique mais remets cela à plus tard. Lorsque je trouve quelque chose beau mais ne le célèbre pas, lorsque j’admire mais me tais, lorsque j’abandonne quelqu’un que j’aime et, par fierté, refuse de l’admettre, ou lorsque je repousse le pardon des blessures infligées par autrui en moi.
Lorsque je laisse une amitié s’éteindre à cause d’une bêtise, ou lorsque je continue de porter des blessures pendant une période prolongée, en espérant qu’un jour, à l’avenir, elles guériront. Dans tout cela, j’ai laissé filer des amis, des amours, des opportunités, et la possibilité de devenir une meilleure personne.
J’ai laissé s’évanouir le désir comme s’il était insignifiant, le « je t’aime » comme si l’amour n’avait jamais existé en moi, et j’ai laissé la fierté construire sa demeure où je me réfugie. Ne remettez pas à demain l’amour que vous pouvez offrir aujourd’hui. Ne laissez pas ce « tu me manques » rester étouffé, ne différer pas le pardon.
Si seulement nous réalisions l’importance d’aujourd’hui dans nos vies, nous ne vivrions pas autant en nous accrochant au passé, en misant tout sur demain pour apaiser nos douleurs, en croyant que demain résoudra nos problèmes, et en considérant aujourd’hui comme un simple jour pour taire nos émotions, laisser notre fierté s’exprimer.
Nous nous égarons en pensant ainsi, car aujourd’hui est l’instant pour se régénérer et vivre pleinement.
C’est une opportunité nouvelle, le moment de changer de trajectoire et de montrer à quel point les gens qui font partie de nos vies sont précieux. Aujourd’hui est le moment de pardonner à un ami et de lui exprimer combien il nous a manqué. Aujourd’hui est le temps d’abandonner les éléments négatifs et de concentrer notre attention sur ce qui nous est bénéfique.
Il est venu le temps de reconnaître ceux qui nous soutiennent, ceux qui sont toujours à nos côtés. Il est temps de répondre à l’écho du « je t’aime » et d’exprimer notre appréciation pour la délicieuse cuisine de ta grand-mère, ou pour la merveille que s’est révélé être le gâteau aux carottes de ta mère.
Aujourd’hui est la journée pour exprimer l’amour, donc ne retenez pas vos gestes affectueux pour la Saint-Valentin, la fête des mères, la fête des pères ou Noël. Ne réservez pas les étreintes chaleureuses qui réconfortent, ni les cadeaux qui apportent de la joie, et ne tardez pas à dire à quel point vous chérissez cette personne.
C’est pourquoi, entre autres raisons, je ne suis pas une grande adepte des occasions préétablies. C’est probablement pour cela que j’apprécie énormément les surprises simples, celles qui surviennent sans prétention.
Comme lorsque quelqu’un se souvient de son petit ami en achetant son chocolat préféré lors d’une sortie au supermarché, ou lorsqu’un proche éprouve de la nostalgie et laisse un mot à lire en rentrant du travail.
Ou encore, quand quelqu’un laisse un message sur le frigo avant de partir de la maison, exprimant tout l’amour pour sa mère et lui souhaitant une agréable journée au travail.
C’est si simple, mais nous le compliquons et laissons tout pour demain.
Choisissons d’aimer et de pardonner avec la même aisance qu’une facture que l’on remet à régler pour plus tard.
N’attendons pas le week-end, ni les anniversaires, ni même les journées commémoratives. Il y a tant à accomplir aujourd’hui, tant à aimer aujourd’hui, tant à pardonner aujourd’hui. Nous avons tant à offrir aujourd’hui, et il y a tout le temps nécessaire pour agir aujourd’hui.
Le moment propice pour tout cela, c’est aujourd’hui, et non pas demain, car demain pourrait peut-être ne jamais arriver.