« Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d’eux- mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.
On me répond : je suis médecin, je suis comptable… j’ajoute doucement : vous me comprenez mal.
Je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié cette saison au théâtre mais qui vous êtes, ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?
Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu’ils sont à ne pas attribuer d’importance à la vie qui bouge doucement en eux.
On me dit : je suis médecin ou comptable mais rarement : ce matin, quand j’allais pour écarter le rideau, je n’ai plus reconnu ma main…
ou encore : je suis redescendu tout à l’heure reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles que j’y avais jetées la veille; je crois que je les aime encore…
ou je ne sais quoi de saugrenu, d’insensé, de vrai, de chaud comme un pain chaud que les enfants rapportent en courant du boulanger.
Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?
Les choses que nos contemporains semblent juger importantes déterminent l’exact périmètre de l’insignifiance : les actualités, les prix, les cours de la Bourse, les modes, le bruit de la fureur, les vanités individuelles.
Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l’âge, ni le métier, ni la situation familiale;
J’ose prétendre que tout cela m’est clair à la seule manière dont ils ont ôté leur manteau.
Ce que je veux savoir, c’est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d’être séparé de l’Un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez- vous de l’enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n’être pas tout sur cette terre.
Mais ce dont j’ai plus peur encore, c’est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre… »
– Christiane Singer
Sans toi à mes cotés, sans tes caresses et tes baisers, sans ton corps qui me transporte et me donne à voir les instants comme une éternité.
Sans ton regard qui m’offre la vie, sans ton sourire qui m’ouvre les portes de la félicité, même si les nuits sont belles avec leur cortège d’étoiles scintillantes, sa lune mélancolique et ses silences qui transportent des mots d’amour, même si le jour invite à toutes les fantaisies, je ne suis rien qu’une ombre qui rode, tremblante, dans les rues désertes de ma triste mélancolie.
Sans toi, je ne suis qu’un arbre sans feuilles, une fleur sans pétales, une source sans eaux, une vallée désolée, un roi sans royaume, un poème sans commencement ni fin.
Anonyme