Ah que le succès est suspect ! par Jacques Salomé
En France et cela semble être une spécialité bien française, le succès a mauvaise réputation. Il faut le dire haut et fort, cela semble être un des autos sabotages favoris des français, le succès surtout quand il est prolongé est considéré comme malsain !
Même dans un domaine comme le sport où il semblerait normal, souhaitable de réaliser des performances, de battre des records, de décrocher des médailles olympiques ou autres, si la réussite déclenche dans un premier temps de l’admiration, dans un deuxième (si le succès se poursuit) alors commencent les critiques et les réserves, voire les malveillances. Trop de succès répété suscite de la méfiance.
Dans le domaine qui est le mien, celui de l’écriture, le succès ne pardonne pas et plusieurs écrivains ne se sont jamais relevés d’un prix ou d’un tirage soudain inattendu.
Il vaut mieux écrire des long sellers (dont le tirage est modeste, mais renouvelé au cours des années), plutôt que des best sellers (aux tirages importants). Tout se passe comme s’il valait mieux écrire des livres aux tirages modestes mais continus dans le temps, qui s’appuient sur le bouche à oreille plutôt que sur les articles critiques ou dithyrambiques parus dans la presse ou sur des apparitions à la télévision qui ont mis en valeur l’animateur de l’émission et lui a permis de briller (parfois à vos dépends).
Dans les Salons du Livre auxquels je participe, le plus souvent pour accompagner les premiers pas d’un ouvrage récent, je vois beaucoup de monde passer, s’arrêter, feuilleter longuement certains livres après avoir jeté un coup d’œil rapide sur la quatrième de couverture qui est censée présenter (promouvoir !) le contenu. Les lecteurs qui me connaissent m’interpellent, commentent leurs découvertes, me gratifient parfois de remerciements. Mais certains, ne peuvent s’empêcher quelques remarques acerbes, quelques reproches et même accusations. « Vous parlez toujours d’amour, mais vous ne croyez pas que l’amour est à l’origine de beaucoup de malentendus, de souffrances et même de violences ? ». Il y a ceux qui pointent du doigt, surtout ce que vous n’avez pas fait, pas écrit, vos manques, vos insuffisances. « Ce n’est pas avec un livre de 300 pages que vous allez résoudre le problème des relations parents enfants ! » « Vous écrivez comment passer de la rencontre amoureuse à la relation de couple, comment construire un couple, mais vous ne dites rien sur comment faire pour se séparer sans souffrir ! ».
Il y aussi les frustrés, les rancuniers : « C’est bien beau de parler de tendresse, mais cela vous fait gagner beaucoup d’argent ! » ou encore « Vous, vous gagnez bien votre vie avec la détresse humaine et en plus vous laissez croire qu’elle va diminuer ! Mais regardez donc ce qui se passe autour de vous ! ».
Quelqu’un récemment m’a traité d’escroc : « c’est dégueulasse ce que vous faites, de proposer aux gens de lire telle ou telle page d’un livre, comme s’ils allaient trouver une solution à leurs problèmes ! Ensuite ils vont se sentir obligés de vous acheter le livre, vous êtes un marchand de soupe, un escroc ! ».
C’est vrai qu’il m’arrive de proposer à telle ou telle personne qui s’arrête et feuillette un livre distraitement, de prendre le temps de s’arrêter sur une page, de lire un passage que j’ai aimé, avec le sentiment de leur faire un cadeau. Quoi de plus beau que de lire quelque chose de gratuit (la lecture d’un passage, de quelques lignes ne coûte rien, sinon le temps que l’on s’est offert pour entrer dans un livre) et de repartir avec des mots qui résonnent en vous ou qui vous donnent envie d’aller plus loin !
Je savais que le succès pouvait entraîner des réactions de jalousies, des frustrations voire des réactions agressives épidermiques. Je ne savais pas qu’il pouvait réveiller de vieux démons : le besoin de dévaloriser, de disqualifier ou de susciter une agressivité perverse visant à faire mal, à blesser.
Dans l’esprit de certains votre réussite ne peut être attribuée en aucun cas à votre compétence ou à votre talent, ou plus simplement sur le fait que vos écrits correspondent aux attentes des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Pour eux, votre succès doit reposer certainement, pensent-ils, sur des compromissions, des pratiques malhonnêtes ou même des malversations qui ont porté un préjudice à des victimes innocentes et pures, qui elles sont restées dans l’ombre.
Ainsi je découvre que je peux être perçu comme une espèce de prédateur, qui porte ombrage à d’autres écrivains et surtout à tous ceux qui ne sont pas publiés.
J’avance avec cela, ne cessant de m’interroger sur les innombrables mystères du comportement humain et doutant parfois, parfois seulement du bien fondé de mes écrits.
Jacques Salomé est l’auteur de cliquez sur l’mage pour voir ses livres:
Merci pour cette franchise; je crois que profondément, je suis comme beaucoup, jaloux du succès que vous avez, je n’ai pas par mes écrits toute l’attention que j’aimerais avoir pour convaincre et partager. Mais je me console; être hu’main est un peu comme être et soi et l’autre. En souffrant de notre succès ou , en souffrant du succès des autres , nous sommes amenés à réaliser combien nous sommes « UN »; à la fois soi et l’autre…
Ainsi, la souffrance a un but de forcer notre attention vers Ça, de forcer à y consacrer du temps et, ainsi, connaître vraiment , vrai=ment, mais sans mentir sur la Réalité de l’essence humaine ainsi dégagée par cet exercice difficile du contact en soi de Ça.
Et ainsi,je crois que Nous pouvons développer notre force intérieure et dégager notre Essence ou raison d’Être…
Être plus étant valorisé de l’intérieur; et tant mieux si certains savent exprimer ce qui se passe de l’intérieur ou Tout Est Exprimé et Manifesté.
Bon chemin de Vie à Nous Tous, manifestants et passants , de et en la Vie…
Roland ♀